Le merveilleux magasin de Mr Magorium

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}orsqu’un magasin de jouet met toute sa magie au service de l’enfant qui sommeille en chacun de nous, il est difficile d’être insensible à son charme. Servi par un beau casting, cette friandise fantastique possède une réelle saveur qui mérite d’être savouré.

Il existe des magasins de jouets, et LE merveilleux magasin de Mr Magorium. Dans son temple de l’enfance, on ne se contente pas de vendre des jouets, on trouve forcément celui qu’il vous faut. Un endroit insensé où Molly s’épanouit comme vendeuse. Virtuose du piano en manque d’inspiration, elle accompli là chaque jour de petits miracles, au côté du fantasque Mr Magorium et de Eric Applebaum, petit génie de 9 ans et amateur de couvre-chefs qui se sent plus à l’aise dans les allées du magasin que parmi les enfants de son âge. Ce bonheur hors du temps va cependant être chamboulé en quelques heures. D’abord par l’arrivée d’Henry, un comptable pratiquement allergique à toute notion de magie, venu reprendre en main la gestion catastrophique du magasin. Mais le charme est surtout rompu lorsque Mr Magorium annonce  qu’il entend passer la main après son 243éme anniversaire, cédant les rênes à Molly ! Alors que Molly doute de pouvoir faire face à une pareille tâche, le magasin commence à dépérir…

Scénariste salué du très original L’Incroyable destin de Harold Crick, le premier film réalisé par Zach Helm se devait d’avoir un ton différent. Consacré à la magie de l’enfance au travers du territoire fascinant d’un magasin de jouet, son film se détourne vite d’un décorum fascinant pour se concentrer sur ses personnages. Et derrière le conte coloré apparaît une parabole sur la notion toute relative de vieillesse, et la façon dont la volonté de rêver peut aussi aider à grandir. Qu’il s’agisse de l’éternel enfant de 243 ans qu’est Mr Magorium, ou du très sérieux Eric de 9 ans, tous les personnages bataillent face au même défi : grandir sans oublier son enfance. Entre conte décalé et livre d’image, on peut regretter que cet univers très personnel ne garde par le ton franchement délirant qui nourrit le début du film. Défaut qui se paye par des baisses de rythme. On peut aussi trouver que Nathalie Portman, handicapée par un doublage peu inspiré, a été plus à l’aise que dans ce rôle. Mais le film ne manque pas d’atout : Dustin Hoffman cabotine à loisir, Justin Bateman est épatant en rabat-joie congénital, et le jeune Zach Mills étonnant de maturité. Ni Disney, ni Burton, le charme du magasin de Mr Magorium se trouve plus dans le cœur de ses clients que dans ses étagères débordantes de jouets.

Sous ses attraits colorés et volontiers délirants, le conte de Zach Helm dépeint avec humour une attendrissante galerie de personnages en rupture avec le monde qui les entoure. Quiconque sera sensible à leurs efforts devrait adopter ce film, manifestement sous-estimé. Profitant d’une belle interface, le DVD propose, en VOST, des bonus sympathiques, riches en images de tournage. Un magasin qui pique une crise présente les personnages, faisant la part belle à Dustin Hoffman. A la rencontre de Eric Applebaum se concentre sur le personnage du petit génie de 9 ans et son très prometteur interprète. Très apprécié, Le magasin de jouets magiques explore le formidable décor du film, un véritable paradis du jouet ! Un peu plus désordonné, Un monde magique et mystérieux tente d’approfondir l’approche de Zach Helm en mettant en avant quelques détails révélateurs, qu’il s’agisse de la direction d’acteur d’un zèbre, ou de la confection de peluche. Et n’oublions pas le bêtisier, court mais amusant.

Frédéric Lelièvre

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