Foot2Rue expliqué aux parents

{xtypo_dropcap}U{/xtypo_dropcap}n dessin animé qui prend pour thème le Streetball, pratique du foot très appréciée du jeune public, cela semble tomber sous le sens. Mais que ce même dessin animé nourrisse intelligemment histoires et personnages des problèmes les plus délicats de notre société, c’est nettement plus rare. C’est dire tout le bien que l’on pense de ce succès justifié…

Sébastien Tagano et Gabriel M’Duala sont les meilleurs copains du monde. Et ils partagent plus qu’une passion dévorante pour le foot : pensionnaires de l’institut Riffler, Tag est orphelin, et Gabriel bien trop loin d’un père en Afrique et d’une mère en Asie. Lorsque les autres élèves rentrent chez eux, ils se retrouvent à jouer dans la cour, rejoints par deux autres pensionnaires, les jumeaux Tarek et Nordine, surnommés les frères Tekno. Un dimanche d’ennui va pourtant définitivement bouleverser leur quotidien tristounet. Dépossédé de son précieux ballon de foot par les Requins du port, l’une des nombreuses bandes de gamins de la ville, un copain de classe demande l’aide de Tag et Gabriel. Filant en cachette de l’institut, ceux-ci découvrent que les chapardeurs ne sont pas des voyous, mais une équipe de streetball. Qui les met aussitôt au défi de leur premier match ! C’est ainsi que l’équipe des bleus de Riffler prend forme. Rejoint dans les buts par la petite fille du fondateur de l’institut, Eloïse Riffler, ils vont se faire une place parmi toutes les équipes de foot de rue de Port Marie. Se dépassant sans cesse dans une compétition reposant sur la performance et le respect, ils vont surtout découvrir que la pratique de leur passion est partout présente. Au point de rêver d’organiser la première coupe du monde de football de rue…

L’aventure Foot 2 Rue a commencé dans l’imagination délirante de Stefano Benni, lorsque cet auteur italien signa « La compagnie des Celestins ». Par ce foisonnant roman, entre délire et poésie, l’auteur dresse un portrait politique savoureux de son pays autour de sa passion du beau sport. L’histoire met en effet en vedette trois orphelins, décidés à participer au championnat du monde de foot de rue, pratique rebelle ultra-secrète et noble par excellence… S’inspirant habilement de ce livre formidable, les créateurs du dessin animé ont su en tirer l’esprit pour l’adapter à un univers parfaitement en phase avec les footballeurs en herbe français. Car plus que de foot, il est ici question de beau sport : le streetball invite à la performance, à l’expression d’un style personnel parfois à la limite de l’acrobatie, mais il véhicule aussi les valeurs de respect, de non violence et d’esprit d’équipe. Compte tenu des exemples qui sont trop souvent proposés aux enfants, on applaudit à deux mains ! D’autant que le dessin animé n’est pas moralisateur ou donneur de leçon. Positif et citoyen, il aborde de front les problèmes que trop évitent : racisme, inégalité, différences de traitement, mais aussi machisme, travail des enfants, pauvreté…

L’esprit du dessin animé découle directement des règles officielles du Foot de rue : les équipes, composées de 5 joueurs et deux remplaçants, doivent comprendre au moins une fille, tous les joueurs doivent participer à chaque match, le tacle est interdit, et une exclusion de 5 minutes est prévue pour les plus sanguins, décrétée par un arbitre que les joueurs sont tenus de respecter dans ses moindres décisions.  Car le dessin animé a provoqué dans son sillage un véritable phénomène parmi les 8/14 ans. Les équipes se sont formées partout, et déjà deux tournois ont démontré par leur succès que le phénomène ne cessait de s’étendre. Il faut dire que France 3 a eu l’intelligence de relayer cette passion en allant à la rencontre de ces équipes de copains, dont elle diffuse régulièrement des portraits, clipés avec soin, dans Génération Foot 2 Rue… Institution du fair-play à l’attention des plus jeunes, Foot 2 Rue se décline aujourd’hui tous horizons. Et son rôle n’est pas à sous-estimer là où l’ennui peut entraîner les plus jeunes aux pires erreurs… Une série à soutenir sans retenue !

Frédéric Lelièvre

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