Trois contes de Grimm

Olivier Py reprend en fanfare les deux Contes de Grimm de l’année dernière avec une Création, La Vraie Fiancée aux Ateliers Berthier. Ce voyage magnifique dans l’univers de l’enfance et du merveilleux est à la fois un moment de pure poésie et d’enchantement. Les enfants semblent ravis et les parents aussi. Il fait bon retourner dans ce monde terrible et cruel où tout finit bien, véritable parcours initiatique. C’est rassurant et formateur. Chacun fait l’apprentissage de la vie et c’est l’occasion de parler de tout ce qu’on n’ose pas dire aux enfants. Qu’est-ce que la mort ? demande Benjamin à son père. Cette mort qui nous guette et qui nous prend quand elle le veut. Olivier Py adapte les textes originaux et propose des pistes rassurantes, poétiques et drôles. Un ange gardien protège les enfants et lui rappelle qu’il n’est pas coupable. Il interroge : Qu’est-ce que l’art ? Il reprend le vieux combat du théâtre pour tous et s’amuse à se moquer de la situation de courtisan du comédien et de ses doutes en faisant allusion à la pièce d’Hamlet. Il revendique cependant sa liberté d’interprétation. Le metteur en scène parodie la trame même de la pièce de Shakespeare en faisant rejouer la rencontre des deux jeunes amoureux de manière grotesque. Il joue avec le morbide et  le sang, signe de la vie. Quatre couleurs symboles scintillent sur le plateau : le rouge du diable, des rubans ensanglantés de la jeune fille amputée par son propre père, des costumes de musiciens ou de la maison, le blanc de la pureté virginale ou des visages des musiciens grimés, le noir de la ferme, de la cabane et le doré du théâtre. C’est un véritable flamboiement de lumières avec ces cadres d’ampoules lumineuses qui rappellent qu’on est au théâtre, que cet art factice se fait et se défait aussi merveilleusement. Les acteurs musiciens tour à tour techniciens font évoluer le décor sous nos yeux. Deux grands boîtiers s’articulent, se déploient et s’agencent pour figurer la maison, la cabane dans la forêt ou la prison. C’est superbe. Ils tournent sur eux-mêmes, abritent ou  emportent les personnages. En chansons et en musique, les scènes se succèdent, véritable pause comique parfois : le clown jardinier, les frères transformés en cochon ou en chien, le diable pétillant de joie poursuivant sa proie apeurée, le faible père qui n’ose pas l’affronter pour défendre son enfant. L’interprétation des acteurs distancie le propos ou la situation, la mère de la jeune fille sera jouée par un homme ainsi que la marâtre, les lamentations et la violence des propos ou des actes  seront moins réalistes et rendus de manière cocasse. La jeune fille, personnage très grave n’a pas 15 ans cependant elle sait donner cette illusion d’insouciance, de pureté, cette exigence impérative, cette malice propres aux jeunes filles qui ne rêvent que d’épouser un prince. Celui-ci aura toute l’énergie pour assommer le diable… En un mot, s’émerveiller de la vie, voilà une des leçons de vie de ces contes à découvrir au théâtre en famille sur le plateau des Ateliers Berthier avant le 18 janvier.
M.T.

Je suis contente de retrouver sur scène les personnages de contes lus en classe. On les a étudiés avec ma prof de français. J’aimais bien les lire, mais j’ai adoré les voir. C’était magique. On se serait cru au cirque avec des clowns et des lumières qui brillent partout. Comment un père peut-il trancher lui-même les mains de sa fille ? ça, j’ai du mal à l’imaginer. Je comprends pourquoi elle fuit ce père qui ne peut plus la protéger.
Camille, 11 ans