Les soldats de l’éternité à la Pinacothèque de Paris

{xtypo_dropcap}V{/xtypo_dropcap}ous avez encore jusqu’au 14 septembre pour découvrir l’exposition exceptionnelle mettant en vedette la mythique armée silencieuse de l’Empereur Qin. Des pièces exceptionnelles pour une présentation intéressante tant dans sa forme que sa richesse. Une démarche d’autant plus constructive qu’elle s’accompagne d’ateliers pour les enfants.

L’entrée en matière peut apparaître assez suréaliste pour qui ne connait pas ce lieu d’exposition original, au cœur de Paris. En raison d’un trottoir des plus symbolique devant la Pinacothèque, la file d’attente se trouve sur la place centrale, au pied de l’eglise de la Madeleine, au milieu de… rien ! Arrêt juste symbolisé par une barrière que l’on quitte au signal du service de sécurité pour retraverserer la place et pénétrer dans la Pinacothèque.
Un espace très concentré qui explique l’obligation de réserver ses places, et oblige à une déambulation qui nous change des espaces parfois démesurés d’autres musées. Ce qui présente un réel avantage : par sa taille raisonnable et son parcours, la visite évite tout épuisement, notamment aux plus jeunes.

Des enfants qui auront définitivement besoin d’accompagnement. D’abord parce que la lecture de grands panneaux (fort bien conçus mais copieux) est indispensable pour profiter de la somme d’information considérable qui nous est proposée. Mais aussi parce que certaines vitrines ne sont pas à des hauteurs permettant un accès facile aux curieux en herbe ! Les critiques à formuler sont cependant rares sur cette exposition intelligement élaborée. On peut tout au plus regretter que l’usage de certains objets ne soit pas précisé dans les cartons explicatifs. Le plus gros regret tient d’un impossible défi : l’image que l’on garde de ces fouilles incroyables reste une armée de guerriers enterrés, à perte de vue. Difficile de restituer cette immensité dans un si petit espace, même avec la fascinante proximité de certains de ces guerriers ! Si un croquis s’y emploie, une photo d’ensemble aurait pu suffire à replacer ces prestigieux invités dans leur contexte archéologique.

Mais il faut comprendre le but de cette exposition : ces guerriers de terre cuite ne sont pas venus seuls. Une vaste collection d’objets les accompagne, afin que le néophyte puisse mieux saisir l’évolution globale de la société au cours des 15 ans de règne de l’empereur Qin (prononcez Tsin !), le premier empereur qui unifia la Chine et lui donna son nom. Les 120 pièces, dont 20 guerriers de terre cuite, datent donc de la dynastie Qin, entre -221 et -206 avant JC., et ont été choisies par les conservateurs chinois essentiellement parmi la collection de l’immense musée d’Art et d’Histoire de la Province de Shaanxi.

L’expo s’articule sur trois thèmes : le royaume Qin de -770 à -450 avant JC, puis le quotidien et les rituels de la vie durant le règle de l’empereur, avant de conclure sur la tombe de celui-ci et sa fameuse armée de guerriers immobiles. Passé un char magnifique, on déambule ainsi du raffinement des bijoux aux ustensiles de cérémonies impressionnants. Enormes et dans un état de conservation éblouissant, les cloches sont sublimes. La fascination qu’exerce sur le visiteur ces témoignages silencieux est nourrit par la présence de certains objets, superbes, dont on ignore toujours l’usage… Plus le visiteur avance dans le quotidien de l’époque Qin, plus il trouve ses repères. Outils de mesure, d’écriture, étonnantes monnaies, c’est un superbe puzzle qui est ici proposé à nos regards, mais nécessite pour les plus jeunes un accompagnement pas-à-pas pour être resitué dans la réalité. Par exemple lorsqu’il s’agit de pièces de décorations architecturales, évidemment privées de leur support de bois. Une exploration magique, riche mais pas trop longue, qui s’achève par l’univers guerrier et les incroyables statues de terre cuite.

Cavalier, fantassin, palefrenier, officier, leur variété est judicieuse, et leur précision anatomique achève de nous troubler, d’autant que l’on se trouve à moins d’un mètre de ces merveilles, à même de les détailler en toute quiétude. Très fortes par leur impact, les pièces concernant la tombe de l’empereur n’inspirent parfois aux plus jeunes bavards qu’un silence fasciné ! Pour retrouver et gérer après la visite cette très importante somme d’information, l’achat de l’épais catalogue de l’explosition n’est pas superflu…

En marge de ses expositions, La Pinacothèque propose souvent des ateliers pour les enfants dès 5 ans, et les Soldats de l’éternité profite de cette excellente intiative. Pour l’été, du 27 au 30 août, plusieurs ateliers sont proposés à des groupes d’un minimum de 5 et d’un maximum de 10 enfants. L’activité Xi’an propose d’étudier les guerriers de terre cuite puis d’en faire une reproduction selon différentes techniques avant d’en fixer le résultat sur aimant. L’activité Eventail initie à l’ornement d’un éventail, à base notamment d’idéogrammes et de paysages, tandis que l’activité Masque de dragon se concentre sur la représentation de la mythique créature tout au long de l’expo avant d’en confectionner un masque. En période scolaire, deux activités sont proposées du 3 au 13 septembre : l’activité Armée Xi’an, ainsi que l’activité Miroir, concentrée sur la décoration géométrique à base d’animaux, spécifique de l’ornemenation des Miroirs impériaux. Pour tout savoir des horaires et de la constitution des groupes, n’hésitez pas à vous référer au site de la Pinacothèque ou à appeler.

Frédéric Lelièvre

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