Mia et le Migou

{xtypo_dropcap}U{/xtypo_dropcap}Une petite fille d’Amérique du sud part à la recherche de son père, ouvrier sur un chantier victime d’une étrange malédiction. Entre magie et frisson, son voyage l’amènera à découvrir le cœur même de la nature, et les créatures qui la protègent. Après La prophétie des grenouilles, Jacques-Rémy Girerd signe une superbe ode à la nature, associant poésie, humour et beauté comme seuls les grands conteurs savent le faire. Un énorme coup de cœur !

Pedro travaille sur un gigantesque chantier en pleine forêt tropicale. Un véritable paradis que le promoteur Jekhide veut transformer en résidence de luxe. C’est pour lui le chantier de la dernière chance, mais le chantier n’avance pas pour des raisons de plus en plus mystérieuses : les grues sont retrouvées comme machoûillées par une immense créature, et Pedro disparaît sous un éboulements ! Contraint d’emmener son jeune fils Aldrin avec lui, Jekhide est bien décidé à relancer son chantier, montrant à son fils des facettes peu reluisantes de sa personnalité. Pendant ce temps, Mia a une intuition. Quelque part en Amérique du Sud, elle attend le retour de son père, Pedro, et sent qu’il lui faut le retrouver sans attendre. Forte de son optimisme et de ses grigris magiques, elle entreprend un voyage périlleux au cours duquel elle va rencontrer des personnages surprenants, des amis comme Aldrin, et enfin les Migous, invisibles créatures dévouée à la protection d’un arbre immense, véritable cœur de la nature…

C’est bien simple : il y a tout dans ce film! La simplicité du livre d’image, la beauté d’un grand dessin animé, la férocité d’une œuvre militante intelligente, la douceur fantaisiste de ces histoires que l’on raconte avant de s’endormir, mais aussi la magie des grandes légendes et le souffle du suspens, rythmé avec soin. Fruit de sept années de travail, ce film jongle avec une rigueur exemplaire entre les différentes techniques d’animation, y compris les plus récentes, mais sans jamais perdre son identité de crayonné, riche de couleurs chaudes. Mais le plus précieux, le plus subtil aussi, c’est que le film ne se départi jamais d’une légèreté déconcertante, d’une fluidité digne des plus beaux contes, multipliant les surprises. Avec Mia, nous ne sommes pas loin des plus belles créations de l’animation japonaise. Servi par un casting de voix impeccable, la galerie de personnages est immédiatement attachante, de quoi séduire le public des enfants mais aussi celui des parents.

Mia et le Migou réalise l’équilibre parfait que l’on ne trouve que rarement entre le fond et la forme. Le fond est travaillé par une histoire riche et construite. Nourrie de tendresse et de merveilleux, la belle intrigue distille habilement un vibrant plaidoyer pour une nature en danger. Et pourtant, la narration laisse énormément d’espace à l’imagination du spectateur. Un fond servi par une forme profondément originale, due au talent de Benoît Chieux, qui alterne intimité du coup de crayon et grands espaces spectaculaires. Créatures improbables, impossible à cerner et pourtant immédiatement adoptées, les craquants Migous sont parfaitement représentatifs de la magie du film. Et si Dany Boon leur a prêté son accent cht’i, n’y voyez aucun opportunisme ! L’enregistrement des voix a eu lieu bien avant que l’artiste ne réalise son film à succès ! Original, inspiré, beau et très habile, Mia et le Migou est un bonheur pour les yeux et pour le cœur, abordant avec caractère des thèmes qui toucheront tous les publics. A ne surtout pas louper !

Frédéric Lelièvre

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