Optant pour une noirceur affirmée, ce Batman n’est pas tout public !

Notre avis

Ceux qui ont aimé le Batman Begins vont être aux anges. La surrenchère est à tous les niveaux, à commencer par le jeu des acteurs. Heath Ledger laisse là un ultime rôle particulièrement impressionnant, sa composition  assurément la plus perturbante. Ce Batman là ne rigole plus, n’est plus un « gentil héros », et ses violents démêlés ne sont pas à mettre devant les yeux des plus jeunes. Pas avant 10/12 ans !
F.L.

Informations

Film d’action
Réalisé par Christopher Nolan
A partir de 12 ans
Sortie le 13 août 2008

Images

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{xtypo_dropcap}P{/xtypo_dropcap}récédé d’une réputation particulièrement élogieuse, la nouvelle aventure du très populaire Batman va forcément attirer les foules de fans de tous ages. Mais optant pour une maturité et une noirceur de plus en plus affirmées, ce chevalier noir n’est pas  forcément tout public…

Plus que jamais décidé à stopper le mal qui règne dans sa ville de Gotham, le milliardaire Bruce Wayne utilise tous les moyens à sa disposition pour nuire aux mafias. Qu’il s’agisse du pouvoir économique de ses sociétés internationales, ou de l’impact de l’action de son alter ego Batman. Mais pour atteindre son but, il doit franchir une étape supplémentaire dans son combat. S’il peut compter sur l’incorruptible Lieutenant Jim Gordon, il décide aussi de faire d’un jeune procureur ambitieux le chevalier blanc de Gotham. A eux trois, ils mettent au point un plan à même de mettre la pègre à genoux… Mais c’est sans compter sur un nouveau venu parmi les criminels. Plus imprévisible, plus dangereux, plus cinglé surtout, le Joker semble ne respecter aucune règle, aucune autorité. Son seul but semble être le chaos le plus total. Un terrifiant homme grimmé qui ne laisse apparaître clairement qu’un seul but : affronter le chevalier noir, le Batman…

Après le quatrième Indiana Jones, voici assurément le film le plus attendu de l’été. Et sa réputation prend avant même sa sortie des proportions incroyables, le film étant déjà considéré par certains comme un chef d’œuvre… Autant dire que les amateurs de super-héros vont se précipiter vers les salles ! Il faut cependant prendre quelques précautions pour le plus jeune public. Avec ce second film, indéniablement supérieur au premier, le réalisateur et scénariste Christopher Nolan continue à nourrir sa vision très adulte de ce héros torturé. Conçu pour en imposer un maximum, il ne s’agit plus d’un film « pour tous ». Si gadgets et véhicules spectaculaires sont au rendez-vous, nous nous éloignons définitivement du film «  à la Marvel », idéal pour être décliné en jouets. Et Nolan assume son choix : l’action est mieux filmée, de nombreux passages sont psychologiquement à même d’impressionner, et le résultat est à déconseiller aux plus jeunes, même si de très nombreuses scènes semblent tronquées de leur conclusion, et donc de leurs images les plus violentes. Le rythme et le montage, parfois frustrants, suggèrent en effet un degré supplémentaire de violence. Un choix permettant de ménager le plus large public… et pouvant expliquer quelques incohérences étranges émaillant le film. Il est donc raisonnable d’imaginer que  ce film existe dans une version plus longue d’au moins une demi-heure, et sensiblement plus musclée !

L’atout maître de cette atmosphère pesante est sans aucun doute la prestation de Heath Ledger en Joker. On ne saura jamais le poids qu’aura pesé l’émotion de sa mort prématurée dans l’accueil fait au film, mais son interprétation reste impressionnante. Loin du one man show de Jack Nicholson, Ledger crée un personnage sur le fil de la folie, très angoissant parce que très humain. S’emparant de la vedette, il la monopolise tout au long du film, se faisant attendre entre chaque apparition. Et si le casting n’était pas composé de grands acteurs impeccables (Morgan Freeman, Michael Caine, Gary Oldman, Christian Bale, et l’excellente prestation de Aaron Eckhart), son impact aurait été difficile à gérer… Plus aboutit, plus hargneux, le film se nourrit encore d’idées naïves proches de l’univers du comics, que ce soit des détails (difficile d’imaginer qu’un car scolaire passe aussi inaperçu qu’au début du film…) ou des points d’orgues du scénario (le très candide choix moral des deux bateaux otages…). Mais par son atmosphère très noire et violente, ce Dark Knight est à réserver aux pré-ados. Ce qui n’empêchera surement pas ce film d’être l’un des cartons de l’été !
 
Frédéric Lelièvre

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