Implacable parabole sur l’illusion de la civilisation interprétée par des enfants, cette adaptation d’un classique de la littérature est un authentique chef d’œuvre, dérangeant et impressionnant. Une œuvre exceptionnelle, inclus dans les programmes scolaires, et qui mérite un accompagnement pour le jeune public.

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Notre avis

J’ai découvert ce film encore enfant, et certaines scènes m’ont marqué à jamais. Je les ai retrouvées, et elles n’ont rien perdu de leur efficacité, ni de leur étonnante poésie. A des années lumière du cinéma formaté qu’on nous sert trop souvent, ce film est une véritable expérience. Et si les jeunes spectateur peuvent être bousculés par ce conte terrible, le profit qu’ils peuvent en tirer reste intact.
F.L.

Ce qu’en disent les enfants

Au début, je pensais que ce serait une aventure pour enfant sur une île, un peu genre Lost, mais c’est pire ! Tout ça, ça arrive à cause de la peur, et puis parce que Jack veut être le chef à la place de Ralph… Il y a des fois où ça "fout la trouille", surtout quand ils tuent un garçon la nuit. C’est atroce… Mais je regrette pas de l’avoir vu. !
Stéphane, 12 ans

Informations

Drame
Réalisé par Peter Brook
Edité par Carlotta
A partir de 12 ans
Env. 19€99 (DVD)

Images

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{xtypo_dropcap}I{/xtypo_dropcap}mplacable parabole sur l’illusion de la civilisation interprétée par des enfants, cette adaptation d’un classique de la littérature est un authentique chef d’œuvre, dérangeant et impressionnant. Une œuvre exceptionnelle, inclus dans les programmes scolaires, et qui mérite un accompagnement pour le jeune public.

Ils ont entre 6 et 12 ans. Ces élèves sont la fine fleur de l’éducation britannique. Fuyant la guerre, ils partent à bord d’un avion pour l’Australie. Mais l’avion s’écrase à la moitié du voyage… Sage et réfléchi, Ralph est rescapé de la catastrophe. Errant dans la jungle, il rencontre un autre rescapé, un gros garçon portant des lunettes, Piggy. Longeant le bord de mer, ils trouvent une conque, que Ralph utilise comme une trompette pour appeler les autres miraculés. Très vite, ce sont des dizaines de petits collégiens qui les rejoignent au bord de l’eau. Grâce à cette conque, Ralph va instaurer un droit de parole, une autorité respectée par tous, y compris Jack, chef de la chorale et meneur né, qui ne tarde pas à se lier d’amitié avec Ralph. Ensemble, ils vont tout organiser en attendant leur sauvetage. Tandis que Ralph tente de maintenir un semblant d’ordre, Jack prend la tête des chasseurs, chargés de nourrir la petite communauté. Les jours se suivent et peu à peu, Jack accepte de moins en moins l’autorité de Ralph, et jalouse les lunettes de Piggy, seul moyen d’allumer un feu. D’autant que l’existence hypothétique d’un monstre, entretenue par le récit des jeunes chasseurs, cristalise les peurs et les angoisse des enfants, donnant vie à une sorte de culte païen. Bientôt, ce sont deux clans qui s’affrontent…

Jamais la candeur, la pureté de l’enfance n’a été aussi remarquablement représentée pour démontrer à quel point l’éducation et la civilisation ne sont qu’un vernis. Un fragile artifice, séparant l’humain de ses superstitions, de ses peurs, et souvent de la barbarie. Le film de Peter Brook est très habilement adapté du livre de William Golding, philosophe et anthropologue récompensé du prix Nobel de littérature. Sa représentation de la société humaine par ces petits Robinson Crusoé, collégiens exemplaires retournant à une sorte d’état tribal, a marqué la littérature mondiale avant que son adaptation en film ne devienne à son tour un classique. Et si le livre de Golding fait partie des programmes scolaires dans un grand nombre de pays, le film n’édulcore en rien son propos, son invitation à la réflexion. Au contraire. Tourné dans un noir et blanc qui accentue sa force évocatrice, le visionnage de cette fascinante descente aux enfers, ce jeu d’enfant qui tourne mal, est une véritable expérience. Magique et cruel, intense et rigoureux, il est probable qu’il serait difficile de réaliser un tel film aujourd’hui. Certaines images peuvent impressionner le jeune spectateur, pas tant pour ce qu’elles montrent que ce qu’elles véhiculent. Il est donc conseillé d’accompagner les plus jeunes dans cette découverte.

Cette édition DVD comprend deux bonus de valeur. Dans Le cinéma en liberté, le trop rare Peter Brook raconte toute l’aventure de ce tournage hors norme. On découvre ainsi que pour échapper aux ambitions destructrices des producteurs hollywoodiens, il dû tourner avec un minimum de moyen et une équipe composée d’amateurs. Evoquant brillamment sa façon de tourner avec des enfants non-professionnels, il répond aussi à la question qu’il s’est lui-même posée, à savoir s’il est traumatisant ou constructif de confronter des enfants à des thèmes et des situations aussi difficiles. Un document d’une demi-heure conseillé à tous les parents, notamment aux cinéphiles. Le DVD n’oublie pas la portée pédagogique de ce classique: la section DVD-Rom comporte un important ensemble de documents destinés à l’usage du monde scolaire. Analyses thématiques, musicales, galerie d’images et de sons, exploration d’un tournage, glossaire, bibliographie et webographie, une "time-line" permet de mettre directement en relation les analyses et les extraits du film, libre de droits dans un cadre scolaire. Il est à noter que si les extraits du livre sont disponibles en anglais et en français, le film est lui uniquement en version sous-titrée.
 

Frédéric Lelièvre

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