Quantum of Solace

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e nouveau James Bond est l’un des films les plus attendus de cette fin d’année, et les plus jeunes ne seront pas les derniers à vouloir le découvrir. Mais l’agent 007 n’est plus un gentleman malicieux : Bond est désormais un héros rude et sans pitié.

Nous avions laissé James Bond dans le désarrois causé par la mort de la belle Vesper. Un meurtre qui dévoilait au grand jour l’existence d’une Organisation mondiale aussi discrète qu’insaisissable. Soutenu par sa supérieure M, James Bond se donne tout entier dans la traque de ceux qui pourront leur en apprendre plus. Toujours sur le fil d’un désir de vengeance, l’agent des services secrets britanniques parvient à ramener avec perte et fracas un prisonnier de choix: Mr White, personnage de poids au sein de la mystérieuse Organisation. L’interrogatoire va pourtant très vite tourner à la débâcle, révélant que l’Organisation dispose d’hommes infiltrés jusque dans les rangs les plus élevés des services secrets… Comptant autant sur son instinct que les minces indices dont il dispose encore, Bond s’acharne et avec le concours involontaire de la belle et farouche Camille,  remonte jusqu’à un certain Dominic Greene, chef d’industrie et chantre de l’écologie. Enjeux des services secrets mondiaux, à la merci d’une Organisation habile, James Bond devra dépasser les limites pour découvrir la vérité, n’hésitant pas à devenir hors-la-loi pour ses propres employeurs…

Le petit sourire spirituel de Roger Moore, le charme tout en retenue de Sean Connery et l’élégance de Pierce Brosnan ne sont décidément plus de mise. La mutation du héros opérée par le très prometteur Casino Royale se confirme, Daniel Craig s’imposant définitivement comme un interprète hors-pair de James Bond. Très convaincant, massif et pourtant très humain, il incarne définitivement un James Bond passé à la maturité. A la façon d’un Batman dont les aventures s’avèrent de plus en plus noires et inquiétantes, James Bond est de plus en plus fidèle aux romans, assumant à la lettre les caractéristiques d’un polar d’espionnage où les touches d’humour sont rares. Nerveuse, volontiers froide dans ces cadrages soignés, la réalisation donne la vedette à l’action plus qu’à l’intrigue, qui aurait peut-être méritée plus de machiavélisme. Mais les amateurs de poursuites échevelées sont ravis : les scènes de combats sont très convaincantes, et certaines égalent sans problème en intensité les meilleurs passages de La vengeance dans la peau, désormais référence en la matière.

Quantum of Solace est un film adulte, volontiers âpre, avec des scènes d’action aussi réussies que violentes. On notera qu’en raison de ses malheurs sentimentaux, ce Bond nouveau, parfaitement incarné par Daniel Craig, est bien moins charmeur, et donc très économe en scènes déshabillées ou suggestives. Pour la plus grande déception de certains fans… Un bémol compensé par la rigueur de la vision de son réalisateur, Marc Forster, qui s’éloigne quelque peu de l’idéal d’un public familial, associé par tradition au héros. Une formule très efficace qui enchantera à coup sur les accros du genre, mais peut bousculer un public plus fragile. Il est donc préférable d’user de précautions avant d’y emmener les plus jeunes…
 

Frédéric Lelièvre

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