Petits héros

Erez a gagné sa compétition de judo, mais la victoire a un goût étrange. Les juges lui auraient-ils donné la victoire si son père, militaire, n’était pas mort récemment ? Une question que son adversaire de tatami se charge de lui rappeler en le persécutant sans ménagement… Alors que le garçon se renferme sur lui-même, les beaux yeux d’Alicia parviennent à le sortir de sa réserve. Benjamine d’une famille immigrée de Russie, Alicia est une étrange fillette qui parle russe lorsqu’elle s’occupe de son grand frère Lev, solide ado à l’esprit de gamin. Mais surtout, elle pressent des dangers. Et elle est certaine qu’un jeune couple a eu un accident de voiture, quelque part dans les vastes terres arides du Neguev. Et sans aide, ils vont mourir dans les heures qui viennent. Aucun adulte ne pourrait croire Alicia, mais Erez se laisse convaincre. En secret, il part avec Alicia et Lev à la recherche des blessés, avec une très vague idée de l’endroit où ils peuvent se trouver…

Le cinéma israélien produit rarement pour la jeunesse, et cette exception est plutôt convaincante. D’abord parce qu’elle présente le quotidien d’enfants d’une banlieue populaire du sud d’Israël, une réalité toute simple mais rarement utilisée. Ensuite parce que les personnages, grâce au naturel des enfants, sont parfaitement crédibles. Héros mais gamins, la façon dont ils font face aux difficultés, que ce soit un pont suspendu, un champ de manœuvre de l’armée ou un chien de garde féroce renforce cette crédibilité. La présence de Lev, gamin dans un corps d’ado, permet aux personnages de développer plus encore leur sens des responsabilités. Et l’arrivée de nouveaux compagnons, comme le petit Lior, binoclard très attachant, permet aux personnages de toujours plus s’enrichir sans se départir de leur simplicité. C’est du reste ce qui frappe dans ce film: la simplicité.

Profitant de la linéarité propre au road-movie, de la sincérité du jeu des enfants, Petits Héros met à profit sa lisibilité en osant ce que beaucoup hésitent à faire: présenter pour la jeunesse un film en version originale sous-titré. Un écueil dont le jeune public ne semble guère souffrir: de Toronto à Moscou en passant par New-York, où le film a récolté les prix, démontrant que ce sous-titrage, pour peu qu’il soit mesuré et régulier, tempéré par le rythme de l’histoire, ne pose aucun problème au jeune public. Petit Héros est une aventure légère qui se construit sur fond de sujets graves, un road-movie très humain où les petits se découvrent une âme de grand, avec juste une étincelle de surnaturel pour point de départ. Taillée sur mesure pour les pré-ados, cette invitation à l’aventure est une réussite.

{mosmodule module=Related News}
{mosmodule module=Related Tests}
{mosmodule module=Related Dossiers}
{mosmodule module=Related E-mag}
{mosmodule module=Related Videos}