CINÉMA > Adaptation du grand classique d’Ungerer, les Trois Brigands est un vrai moment de bonheur !

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Je suis de parti-pris: j’adore ce conte depuis que je suis enfant, et je l’ai ressorti de mes cartons pour le raconter à ma fille… J’avais très peur de voir ce classique adapté au cinéma. Et en fait, j’y ai retrouvé beaucoup plus que je ne pensais… On est loin des histoires de petits animaux charmants où tout est tout blanc ou tout noir. Avec Ungerer, c’est original, vivant, drôle. Et le film reflète ça parfaitement. Je suis plutôt épaté !
S.D.

Le mieux, c’est que les brigands font peur au début, mais avec la petite fille, ils deviennent comme des papas… Je connais déjà l’histoire, j’ai le livre, mais dans le film, il y a plein d’autres choses qui arrivent. Et la chanson des brigands est bien, mais on ne comprend pas tout ce qu’ils disent. Le film en tout cas, c’est trop, trop bien !
Amélie, 8 ans

Dessin animé
Réalisé par Hayo Freitag
Dès 5 ans
Sortie le 19 décembre 2007
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Un livre pour enfant, aussi habile, aussi beau, aussi réputé soit-il, ne réunit guère plus qu’une trentaine de pages. Un univers sans fin pour l’imagination d’un enfant, mais une matière qui perd souvent son âme diluée en un film d’1h30. Avec l’adaptation de son œuvre culte des Trois brigands, Ungerer voit pour la première fois son univers porté sur grand écran, et c’est une réussite. Le ton, l’esthétique, le sens, tout se retrouve animé comme l’auteur lui-même l’avait rêvé…
Trois silhouettes noires hantent la forêt. Un grand chapeau sur le crâne, de longs manteaux remontés jusque sous le nez, ce sont les trois brigands. Le tromblon du premier terrifie les voyageurs, le soufflet à poivre du second chasse les attelages, et l’énorme hache rouge du troisième brise les roues des diligences qui auraient la mauvaise idée de leur échapper. Car rien de ce qui traverse leur forêt ne leur échappe. Mais un jour, le butin que les trois affreux découvrent est des plus surprenants. La diligence qu’ils attaquent ne contient ni or, ni bijoux. Juste Tiffany, une petite orpheline que l’on conduisait à l’abominable l’orphelinat. Une fillette délurée et inventive qui parvient à les convaincre qu’ils doivent à tout prix l’emmener avec eux. Au contact de la petite fille pleine d’énergie, les trois bandits de grands chemins vont voir leur quotidien prendre des couleurs…

Parmi les icônes de l’illustration pour enfant, Ungerer est une référence incontournable. Son trait unique, ses histoires pleines de fantaisies et de sens ont conquis enfants et parents sur la planète depuis 50 ans. Mais c’est la première fois que l’on ose ainsi transposer sa magie à l’écran. Un défi périlleux relevé avec une intelligence exemplaire. Regardant plutôt du côté des Triplettes de Belleville que des prouesses de Pixar, cette production allemande a choisi une 2D aux couleurs pleines qui font honneur à cet album si particulier. Fluide et solidement calée par les traits forts qui caractérisent son esthétisme, l’animation est idéale, permettant une déambulation pleine de surprise, et surtout donnant aux personnages tout le temps de s’imposer. S’identifiant immédiatement à la pétillante Tiffany, les enfants parcourent la terrible obscurité de la forêt et assistent avec un ravissement évident à la métamorphose des affreux brigands en brigands affreusement gentil.

Comme l’album d’Ungerer, le film se joue d’un manichéisme niais en titillant le frisson et l’inquiétant. Exploitant des parties de l’histoire qui se résumaient à quelques lignes dans le conte originel, le film explore les secrets du terrible orphelinat de l’abominable Tante. On découvre ainsi que les pauvres gamins, forcés de récolter les betteraves, ne font que nourrir l’appétit insatiable de sucre d’une directrice de plus en plus cinglée… Atout supplémentaire, une fable aussi solide se devait d’avoir une musique pleine de personnalité. Grâce aux Bananafishbones (la chanson des brigands) et à Kenneth Pattengale, les derniers risques de mièvrerie s’envolent. L’adaptation a été effectuée à chaque étape avec le plus exemplaire respect pour l’univers d’Ungerer.

Réunissant parmi les meilleurs spécialistes en animation d’Allemagne, Les Trois Brigands bénéficie du parrainage le plus essentiel: Tomi Ungerer en personne à suivi toute l’élaboration du film, de l’adaptation à l’animation, et s’est déclaré totalement conquis par le résultat de ces deux ans de travail. Coloré, vivifiant, habile et malin, Les Trois brigands est un vrai conte à la Ungerer. Une belle démonstration que l’univers de la fiction pour enfant doit être tout sauf insipide.

 

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