S’inspirant d’une histoire vraie, ce film passe à côté de son objectif…

Notre avis

La "petite marche" des orphelins de Huang Shi est une histoire universelle, un véritable hymne à l’humanité. Mais on passe à côté avec ce film. On aurait voulu assister à tous ces trésors d’attentions et d’ingéniosité qui ont permis à Hogg d’amadouer puis de conquérir ces gosses sacrifiés par l’Histoire. Spottiswood s’acharne à brosser la peinture naïve d’un saint, alors que c’est son humanité qui en a fait de Hogg un modèle. C’est dommage, et c’est rageant.
F.L.

Informations

Film historique
Réalisé par Roger Spottiswood
A partir de 10/12 ans
Sortie le 11 juin 2008

Images

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{xtypo_dropcap}S'{/xtypo_dropcap} inspirant d’une histoire bouleversante, ce film fait partie de ceux que l’on a sincèrement envie d’aimer. Encore aurait-il fallu que le réalisateur n’oublie pas les vrais héros de l’aventure. En privilégiant le portrait maladroit d’un idéaliste plutôt qu’à la profonde humanité de son œuvre accomplie, il loupe ce qui aurait du être un sommet d’émotion.

Pendant les années 30, l’Asie est bouleversée par l’invasion de la Chine par le Japon. Une guerre terrible dont les ravages sont cachés aux occidentaux par la fermeture des frontières. Certains idéalistes décident de révéler cette vérité. Parmi eux, un jeune journaliste britannique débutant, George Hogg. Avec l’inconscience des purs, il va réussir à pénétrer en Chine occupée. Arrivé à Nankin, il assiste aux atrocités commises sur la population chinoise, et manque lui-même de mourir. Il ne doit la vie qu’à l’intervention miraculeuse d’un partisan chinois, Jack Chen. Et la complicité qui naît entre les deux hommes va leur sauver la vie à tous deux. Hogg est soigné par Lee Pearson, une infirmière américaine, et l’avancée rapide des troupes japonaises à travers la Chine le contraint à s’enfuir au plus vite. C’est l’infirmière qui suggère un refuge pour le jeune britannique : Huang Shi. Arrivé à destination, Hogg découvre que ce lieu est en fait un orphelinat où les enfants sont abandonnés à eux-mêmes. Alors que tout le pousse à continuer sa route, Hogg va prendre en main l’orphelinat, et s’investir pour ses pensionnaires au point de les emmener pour une odyssée incroyable..

Hogg a bel et bien existé. Alors que rien ne l’y préparait, il découvrit cet orphelinat abandonné, s’improvisa professeur, intendant, protecteur aimant. Et lorsque les troupes chinoises commencèrent à voir en ses jeunes pensionnaires de futurs soldats, il décida de les emmener tous loin de la guerre, au-delà des sommets enneigés, en sécurité au cœur du désert. Une marche de 1000 kilomètres qui est devenue légendaire en Chine. La première crainte que l’on pouvait avoir d’une telle reconstitution se situait quand au niveau de violence des images. Les exactions de l’armée japonaise ayant atteint des sommets dans l’horreur, on pouvait craindre le pire. Mais la réalisation résume les massacres de Nankin au mitraillage de civils, des images très réductrices, mais qui permettent au film d’être à portée d’un public plus large. Un public qui aurait dû être bouleversé par une épopée pareille. Hélas, on en est loin. D’abord parce que le film se trompe de héros. L’intrigue met en vedette le personnage de Hogg, sa relation avec l’infirmière Pearson, et son amitié avec le résistant chinois Chen. Alors que les vrais héros sont les 60 petits pensionnaires qui, par leur contact, ont fait de ce journaliste occidental un prodigieux protecteur. A oublier les vrais acteurs de l’histoire, Spottiswood prive le héros de son aura. On aurait voulu une humanité qui prend aux tripes, l’humilité des émotions, tous ces trésors de sentiments qui ont permis à cet intellectuel de l’autre bout du monde de se faire aimer d’enfants ingérables et de révolutionner un orphelinat oublié. C’est raté !

Précipité, réducteur, le récit survole tout ce que l’on aurait voulu voir raconter avec soin et sensibilité. Après un premier contact prometteur, rude et réaliste, Spottiswood réduit pratiquement l’approche des enfants à l’installation d’un panneau de basket… Le film souffre aussi de son premier rôle. A force de vouloir sacraliser son personnage, Jonathan Rhys Meyers le prive de cette sensibilité qui lui a permis de venir à bout de toutes les difficultés. Radha Mitchell est un peu plus convaincante, et les grands Chow Yun-Fat et Michelle Yeoh nettement moins… Face au naturel des jeunes acteurs chinois, le jeu des adultes parait étrangement décalé, caricatural parfois. De fait, le passage le plus émouvant du film se déroule pendant le générique de fin, lorsque les vrais enfants de l’histoire, aujourd’hui de vieux messieurs, viennent témoigner avec leurs propres mots. On prend alors la mesure de Hogg, de l’amour et de l’admiration que les orphelins entretenaient pour lui. Cette histoire édifiante entre toute aurait dû nous tirer des larmes. Son message universel se limite à un hommage maladroit, et très occidental, à ceux qui ont su se rendre indispensable aux populations de l’autre bout de la terre par leur sacrifice. Un a priori handicapant qui nous amène à nous poser une question : cette histoire magnifique n’aurait-elle pas été mieux servie par un réalisateur asiatique ?

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