Ce DVD ne se contente pas de présenter enfin le premier long-métrage fondateur de l’animation. Il réunit l’essentiel de toute l’œuvre jusqu’alors introuvable de Lotte Reiniger. Intelligemment présenté, ce DVD est un trésor pour tous, une vraie merveille à redécouvrir!

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Notre avis

On oublie très vite que ça n’est que du papier découpé, tant l’atmosphère, la magie et l’inventivité opèrent efficacement. Pratiquement muet, utilisant un principe déconcertant de simplicité, nous somme à l’opposé d’un spectacle pré-mâché. C’est une invitation au rêve, un plaisir universel que l’on retrouve avec chaque court-métrage. La quantité impressionnante de films permet d’en picorer le contenu à loisir, une aubaine pour les amateurs d’histoires, petits et grands.
F.L.

Ce qu’en disent les enfants

Des fois, ça fait un peu peur, surtout avec la musique qui "crie" un peu… L’histoire est bien, il y a des monstres "zarbi"… En tout cas le cheval est très beau !
Barthélémy, 8 ans

C’est une belle histoire, même si des fois on comprend pas tout… C’est juste des ombres, mais on suit l’histoire quand même. Les détails des robes, des oiseaux, c’est difficile de croire que c’est du papier découpé… Dans le documentaire, quand elle découpe, on dirait que c’est en accéléré ! C’est un peu long des fois, mais c’est beau.
Aline, 11 ans

Informations

Film d’animation
Réalisé par Lotte Reinige
Edité par Carlotta Films
A partir de 5 ans
Env. 19€99 (DVD)
Env. 34€99 (DVD Collector)

Images

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{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}e DVD ne se contente pas de présenter enfin le premier long-métrage fondateur de l’animation. Il réunit l’essentiel de toute l’œuvre jusqu’alors introuvable de Lotte Reiniger. Intelligemment présenté, ce DVD est un trésor pour tous, une vraie merveille à redécouvrir!

Il était une fois un mage, terrible et  inquiétant, jouant de ses doigts crochus. Le mage entame une étrange danse, folle et angoissante, faisant apparaître autour de lui des visages grossiers. Jusqu’à ce qu’une vague forme ne prenne soudain l’allure d’un superbe cheval volant. S’habillant de superbes vêtements, le mage s’envole ainsi pour l’anniversaire du Calife. Fasciné par cette créature sublime, le Calife veut à tout prix ce cheval, et comme l’espérait le mage, lui offre en échange de choisir parmi ce qu’il possède de plus précieux : le mage choisit la princesse Dinarsade, la propre fille du Calife. Le frère de la belle jeune fille, le prince Ahmed, tente d’empêcher ce drame. Le mage tente alors d’amadouer le jeune homme en l’invitant à chevaucher lui-même le cheval magique. Qui s’envole soudain droit dans les airs, emportant le prince. Le mage est aussitôt emprisonné, et c’est alors que commence l’aventure du Prince Ahmed sur son cheval volant…

Blanche-neige et les sept nains fut-il le premier long métrage d’animation? Ce merveilleux chef-d’œuvre sorti en 1937, et qui installa Disney comme la référence du genre pour de longues décennies, ne parvint cependant pas à faire complètement oublier que le premier long métrage d’animation était l’œuvre de Lotte Reiniger, artiste de l’avant-garde allemande. Véritable virtuose de la technique du papier découpée, c’est en septembre 1926 qu’elle sort ce film en silhouette (et non pas ombre chinoise!), inspiré de deux segments des Mille et une nuits. D’une richesse, d’une inventivité et d’une finesse étonnante, son oeuvre agrandit le cercle de ses admirateurs, parmi lesquels on comptait Bertolt Brecht, Louis Jouvet (qui organisa la première projection à Paris), ou Jean Renoir qui fut un ami proche. Emigrée en Grande-Bretagne pour fuir la montée du nazisme, elle continua de réaliser de nombreux courts métrages illustrant ses contes favoris. Longtemps perdu, reconstitué en 1999 jusque dans son moindre intertitre originel, Les aventures du Prince Ahmed reste totalement fascinant, d’un exotisme et d’une fantaisie prodigieuse, une sorte de rêve aux visions évocatrices universelles. Faisant revivre dans nos salons la féérie irréelle d’une lanterne magique, certaines images sont assez impressionnantes pour les plus jeunes, soutenues par la superbe musique de Wolfgang Zeller. Loin d’une haute définition qui détaille l’image jusqu’au pixel, nous retrouvons là un univers artisanal et profondément artistique où notre imagination a tout à faire. Et pour que les plus jeunes profitent à fond du spectacle, Hannah Shygulla tient le rôle de la narratrice dans la version accompagnée d’un commentaire français.

Qu’un DVD rende justice à cet incunable est déjà remarquable, mais la divine surprise vient de la démarche de l’éditeur, qui a conçu deux éditions d’une richesse inespérée. Dans son édition simple, le DVD comprend pas moins de 5 courts métrages et deux documentaires. Dans Ahmed vision d’Occident, un spécialiste nous explique efficacement toute la richesse du film, la carrière de Reiniger replacée dans son époque, le lien avec l’œuvre de Michel Ocelot, et clarifie la définition des nuances regroupée par l’animation, rappelant au passage qui était Etienne Silhouette ! En allemand sous-titré, L’art des silhouettes est un document de 1970 où Lotte Reiniger en personne donne tous ses secrets. Une approche totalement artisanale qui rassure autant qu’elle impressionne. Et invite chacun à faire de même dans sa propre chambre ! L’édition double DVD comprend un disque remplis d’autres merveilles : 13 courts-métrages inspirés des contes les plus célèbres (dont Jack et le haricot magique, l’un des rares en couleur) ainsi qu’un bonus caché et un solide documentaire d’une heure sur la vie de Lotte Reiniger, en anglais sous-titré français. Si les documentaires intéresseront les plus grands, il faut envisager ces DVD comme des coffres au trésor dans lesquels piocher de belles histoires.

Pour que les plus petits ne soient pas lésés par les sous-titres, n’hésitez pas à baisser le son et à reprendre vous-même les sous-titres. Et pour prendre le temps de répondre aux inévitables questions, n’hésitez pas non plus à user de la pause ! Elle n’a étrangement que peu d’effet sur la magie de cette animation à part… Pour conclure, il faut ajouter que l’éditeur a soigné autant la forme que le contenu : la version simple du DVD est accompagnée d’un livret et renferme un pop-up, tandis que la version double DVD, collector en édition limité, comprend en plus un flipbook, des cartes postales, un poster, ainsi qu’un album de coloriage et ses crayons de couleur! De beaux objets à la valeur artistique inestimable.
 

Frédéric Lelièvre

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