Le secret de Térabithia

C’était il n’y a pas si longtemps. Vous souvenez-vous de ces bords de trottoirs qui devenaient des falaises à pic, d’arbres secoués par le vent qui se transformaient en monstres terribles et gigantesques ?
Si vous n’avez pas oublié cette porte magique dans votre imagination, vous serez les bienvenus à Térabithia.
Vous y découvrirez une belle histoire qui passe par le fantastique pour vous toucher au coeur.


Jess ne se plaint jamais. Il ne dit jamais rien. Mais sa vie n’est pas facile. Avec des sœurs envahissantes et de gros problèmes de fin de mois, ses parents sont bien trop occupés pour remarquer sa solitude. Jess fait sa part de travail, et pour le reste garde le silence au point de disparaître. Il endure les petites humiliations qui font mal, comme d’aller à l’école avec les affaires héritées de ses sœurs aînées, garde le silence quand les brutes de l’école lui font payer sa pauvreté. Un grand silence dans lequel Jess s’enferme peu à peu, à force de ne plus recevoir ces petites secondes de tendresse que son père accorde à sa petite sœur. Pour s’évader, il dessine sans cesse. Tout change lorsque de nouveaux arrivants emménagent dans la maison voisine. Ils ont une fille, Leslie, qui est tout l’inverse de Jess. Capable de trouver un régiment de monstres en pleine clairière et un château dans un arbre, elle va percer la carapace de Jess, lui réapprendre à sourire. Pour oublier les tracas, revendiquer le droit de rêver, ils vont s’inventer leur monde à eux : Terabithia…

Qualités non virtuelles
Intelligemment adapté d’un best seller de la littérature enfantine, Térabithia n’est pas un film estampillé « jeunesse » comme les autres. Il appartient à ce tout petit club de beaux films qui se dégustent comme une friandise, et se permet d’aborder avec une intelligence rare des thèmes que d’autres fuient à toutes jambes…Mais avant d’aller plus avant dans les éloges que méritent largement ce film, il est indispensable de préciser un point sur lequel nous reviendront plus tard : ce Secret de Térabithia (en anglais, c’est un pont…) n’est pas un exploit de plus des infographistes hollywoodiens. Pas plus qu’un remplaçant de Narnia ou de l’Histoire sans fin. Loin d’un festival virtuel, c’est bien le fantastique qui se glisse parfois dans le réel, et pas l’inverse. Une féerie soignée qui rentre à pas compté dans la réalité des personnages, intervenant parcimonieusement pour servir leur histoire.

Un vrai classique
Une histoire qui est inscrite depuis 1976 au grand catalogue des perles de la littérature pour tous. Traduit chez nous à la fin des années 80 sous le titre Le royaume de la rivière, ce roman à part a été inspiré à Katherine Paterson par une urgence dramatique : un copain de son jeune fils venait de mourir. C’est pour aider le jeune garçon à surmonter cette perte terrible qu’elle eu l’idée d’écrire ce livre. Primé de nombreuses fois, lu dans les écoles américaines, c’est désormais un classique. Adapter un livre aussi fin n’était pas une entreprise très facile. Il faut reconnaître au réalisateur et aux scénaristes – dont le fils de l’auteur- d’avoir brillamment surmonté ce défi. Evitant soigneusement les pièges des caricatures, les stéréotypes faciles, ils ont rendu cette histoire typiquement américaine accessible à tous les publics.

Le droit au rêve
Car l’histoire de Jess et Leslie va bien plus loin qu’un portrait d’enfance plus réaliste que la moyenne. C’est aussi la revendication du droit à rêver, même lorsque le quotidien est loin d’être rose. Un territoire magique qu’il faut chérir parce qu’il permet de surmonter les plus terribles épreuves que la réalité impose parfois, sans raison. La magie du livre est justement dans cet étrange parcours qui démontre que l’on acquiert souvent plus de maturité en respectant l’imagination qui est en nous. Ménager l’équilibre entre la lucidité et le besoin de rêver, c’était la clef de cette adaptation : le film y parvient sans jamais trahir ni l’un ni l’autre.

Deux acteurs chevronnés
Une finesse de traitement qui aurait été vaine sans une interprétation tout à fait remarquable. Dans le rôle de Jess, le talentueux Josh Hutcherson (Little Manhattan, Kicking & screamming…) est toujours juste. Grâce à lui, le parcours de Jess touche tous les spectateurs, quelque soit leur age. Face à lui, AnnaSophia Robb réussi une belle prouesse. Son personnage de Leslie, exubérante et fantasque, demandait beaucoup d’intelligence pour ne pas tomber dans l’excès. Celle que beaucoup reconnaîtront comme l’abominable mâcheuse de chewing-gum de Charlie et la chocolaterie est impeccable. Une copine comme tout môme en rêverait.

Un imaginaire matérialisé
Lorsque ces deux-là sont réunis, ils vivent de fantastiques aventures, miroir déformant de leur quotidien. Et pour matérialiser ce monde, beaucoup plus présent dans le film que dans le livre, il fallait faire appel aux effets spéciaux… sans en abuser. Une fois de plus, le dosage est malin : juste assez pour être efficace, mais jamais suffisamment envahissant pour nous détourner de nos héros et de leur histoire. Les créatures fantastiques montrent leur apparence étonnante uniquement lorsque c’est nécessaire. Juste assez pour que le spectateur se sente un peu plus familier de l’univers de Térabithia.

Une promo bien maladroite…Un film fin, captivant, intelligent, qui vous ramène à la réalité par un drame épouvantable… pour mieux vous inviter à rêver à votre tour. En ces temps d’adaptation en série, cette réussite est à saluer ! Il n’existe en fait qu’un seul gros reproche à formuler, et il ne concerne pas le film mais sa promotion française. Il est vrai que Térabithia est un lieu cité dans les Chroniques de Narnia, mais la parenté s’arrête là. Hélas, ça n’était pas assez pour certains. L’affiche met surtout en vedette des créatures fantastiques qui ne sont que des accessoires pour nos deux héros. Pire, la bande annonce accumule les scènes d’effets spéciaux, laissant à penser qu’il s’agit là d’un festival d’images virtuelles à classer entre Shrek, Narnia et Harry Potter. En promettant pareil spectacle, cette promo implique un risque de déception particulièrement stupide : les qualités du film le dispensent totalement de ce genre de bricolage commercial. Déformation que certains considèreront, à raison, comme de la malhonnêteté pure et simple. Dépourvu de confiance envers le jeune public, les responsables de cette promotion n’ont de toute évidence pas vu le film dont ils sont censés vanter les mérites. C’est bien dommage, ils auraient appris ce que veulent dire finesse et intelligence.

Studio: Walt Disney Studios
Genre : Chronique magique
Site Web : www.snd-films.com

Age : A partir de 7 ans
Réalisateur : Gabor Csupo
Sortie prévue : Sortie le 28 mars 2007

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