La flèche et le flambeau

Loin de l’agitation qui règne en Lombardie occupée, le fier Dardo élève seul son fils Rudi dans la montagne. Depuis que sa femme l’a quitté pour épouser le seigneur Ulrich de Hesse, surnommé l’aigle, qui tient le pays sous sa tyrannie, « Dardo la flèche » se tient aussi loin que possible de son ex-femme et des ennuis. Séducteur et malicieux, apprécié de tous, Dardo descend avec son enfant dans un village où il rencontre l’Aigle et sa suite, dont sa compagne et sa superbe nièce. Dardo n’y résiste pas et tient tête au seigneur en abattant d’une flèche le faucon qu’Hessian lance sur les pigeons des villageois. La situation s’envenime très vite : blessé, Dardo doit à une diversion de son fils de pouvoir s’enfuir. Capturé, Rudi est emmené au château où le seigneur juge qu’il doit désormais être élevé. Décidé à retrouver son enfant, Dardo va prendre la tête d’une rébellion populaire, se découvrant des alliés jusque dans le château d’Hessian, puisque la nièce du tyran n’est pas insensible à son charme…

Ne vous fiez pas à l’exemplaire laideur de la jaquette, qui arbore l’une des affiches les plus mal fichues qu’on n’ait jamais vu ! Le film que renferme ce DVD est un véritable trésor, représentatif de l’age d’or du grand Hollywood qui faisait rêver petits et grands. Pour ce qui est de l’histoire, vous penserez inévitablement à Robin des bois, dont il reprend en partie la trame. La formule est cependant enrichie de quelques ingrédients qui comptent. Notre héros à un jeune fils plutôt malin (personnage auquel les jeunes spectateurs s’identifient très vite), l’impertinence et l’humour de l’humble Dardo confère une belle légèreté au rythme soutenu de l’action, et avant tout, il y a cette énergie émanant du héros qui envahit l’écran. Car Dardo n’est autre que Burt Lancaster alors au début d’une carrière de légende. Mise en scène par le grand Jacques Tourneur, la rébellion de ce Guillaume Tell italien est un superbe livre d’image, dynamisé par le charisme du héros. Une action trépidante qui doit beaucoup de son efficacité au fait que les cascades, toujours bluffantes, sont exécutées avec une aisance déconcertante par les acteurs eux-mêmes.

C’est dans la rue que le jeune Burt a éprouvé son physique avant que ses dispositions ne l’amènent à une carrière au cirque en tant qu’acrobate. Si une blessure puis la démobilisation l’ont amené à une carrière d’acteur, il en a gardé un tonus éblouissant et de grandes amitiés. Accomplissant ses cascades avec un plaisir évident, il retrouve son compagnon de piste, Nick Cravat, qui interprète son compagnon muet. Leur complicité est à elle seule un spectacle. A noter que Cravat n’était pas muet, mais son terrible accent de Brooklyn était totalement incompatible avec un italien du moyen âge… Spectacle familial qui fait encore référence, La flèche et le flambeau est proposé avec un court métrage et un dessin animé d’époque, très burlesques. Sans rapport avec le film, et bien qu’en VOST, ils sont tous deux plutôt amusants et recomposent une « séance de cinéma » tel qu’on la concevait à l’époque de ce classique. A redécouvrir sans hésiter donc !