Hellboy 2 : les légions d’or maudites

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e plus diabolique des agents du Bureau de Défense et de Recherche Paranormales est de retour sur la brèche à l’heure où les créatures fantastiques menacent de revendiquer leur suprématie sur les humains. Une adaptation trépidante de la bande dessinée, pleine d’énergie et d’images soignées pour un large public d’amateurs.

Hellboy se verrait bien mener une vie de fonctionnaire, réduisant en poussière quelques monstres malchanceux pour consacrer le reste de son temps à sa compagne au sang très chaud, la pyrokinétique Liz Sherman. Mais c’est dans un monde que les humains ne connaissent pas que se prépare un drame qui va bouleverser l’ordre des choses. Un pacte existe entre les créatures fantastiques sur le déclin et le monde des humains qui les à soumis, une frontière invisible qui sépare leur monde. Nuada, le puissant Prince de l’Invisible, a décidé de briser ce pacte et d’imposer sa volonté aux deux mondes. Pour cela, il est prêt à réveiller une armée mythique composée de guerriers que rien ne peut arrêter. Pour ne rien arranger, un nouveau venu est nommé au BPRD pour mener leur division. Abe, Liz et Hellboy doivent désormais répondre de leurs actes auprès de Johann, un étrange… scaphandre rempli de fumée. Un équipage étonnant qui s’apprête à passer la frontière et pénétrer dans l’univers des créatures fantastiques…

On ne compte plus les héros de BD qui se sont vus adaptés en film, mais peu d’entre eux peuvent être fier de cette consécration. Hellboy appartient indubitablement à cette petite catégorie ! Et ce second opus en est la plus belle démonstration. Si le premier film avait su efficacement installer l’étonnant personnage et le fascinant univers qu’il véhicule, cette seconde aventure se rapproche plus encore de la bande dessinée originale de Mike Mignola. Gros flingues, monstres insensés et bastons démesurées sont toujours de mise, et les héros de la BD ont plus que jamais la vedette avec l’arrivée de l’étonnant Johann, mais l’humour décalé et le goût des horizons fantastiques sont nettement mieux exploités. De la version revue et corrigée des petites fées dévoreuses de quenottes à un souk de monstres qui n’a rien à envier à la taverne de la Guerre des Etoiles, la jubilation du réalisateur Guillermo del Toro à ré-inventer la BD est flagrante. Le réalisateur y ajoute sa propre touche, nous offrant quelques scènes esthétiquement superbes et passablement impressionnantes. La fluidité des scènes de combats, l’efficacité des scènes les plus ambitieuses est à donner en exemple à bien des cinéastes qui préfèrent brouiller l’action en secouant leur caméra…

Monstres de tous poils et combats de titans sont essentiels, mais le caractère vraiment "fun" de ce Hellboy, en cela très proche de la BD,  doit aussi à un étonnant mélange des genres. Cela tient à Hellboy lui-même, anti-superhéros qui tient plus d’Audiard que de la kryptonite, mais aussi aux différents univers qui se succèdent sans se prendre au sérieux. Le géant de pierre de la lande rappelle la magie des inventions de Ray Harryhausen, l’étrange vieille femme qui dévoile le passage vers l’autre monde aurait sa place dans un roman délirant de Douglas Adams, et l’apparition de l’ange de la mort n’a rien à envier au terrifiant Labyrinthe de Pan. Ce Hellboy 2 est une réussite. Au lieu de délayer la formule du premier, Hellboy 2 s’enrichit de nouveaux horizons, avec un réel respect pour l’œuvre graphique de Mignola. Jamais horrifique, d’une violence très caricaturale, c’est un film à éviter à tout public trop impressionnable, mais forcément conseillé à tout amateur de bagarres démesurées, de défilé de monstres incroyables et d’effets spéciaux maîtrisés.
 

Frédéric Lelièvre

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