Grand Prix

Nous ne nous lassons pas des prouesses des studios Aardman et des merveilles des effets spéciaux qui font des films et dessins animés pour les plus jeunes de formidables spectacles pour la famille. Mais dans cette grande famille, il nous manquait un chaînon, une perle un peu oubliée qui a nourri bien des imaginaires. Il est grand temps de redécouvrir Grand Prix…

Tout en haut de sa montagne, le génial réparateur Théodore Jante-en-alu vit autant de ses réparations que des ses inventions invraisemblables. Le vieux bonhomme pourrait ainsi laisser passer le temps entre ses deux compagnons, un canard et une marmotte, s’il ne découvrait à la télévision son ancien apprenti, Rudolf la Magouille, se vanter d’une invention qu’il lui a volée. Il n’en faut pas plus pour que Théodore se mette la cervelle en ébullition pour battre Rudolf à son propre jeu : gagner devant lui la prochaine grande course automobile. Et pour cela, il va inventer la voiture la plus incroyable jamais imaginée…

Un icône de l’animation
Wallace et Gromit sont devenus des stars de nos salons, est c’est un succès tout à fait légitime. Mais avant le génie des britanniques de Aardman, d’autres surdoués avaient osé animer leurs idées les plus folles avec de simples marionnettes. On pense souvent à l’immense Jiri Trnka qui a marqué l’histoire de l’animation depuis sa Tchéquie natale. Mais plus au nord, un autre raconteur d’histoire a aussi chamboulé l’animation avec son travail exceptionnel : le norvégien Ivo Caprino. Elevé à Oslo dans l’amour des marionnettes et des poupées par sa mère, le jeune Ivo devient producteur et réalisateur de films animés à base de marionnettes dès les années 40. Des courts métrages d’abord dans les années 50, une émission dans les années 60, qui fera de lui une star en Norvège et dans les pays voisins, mais son plus gros projet, le plus insensés, il l’élabore au début des années 70. Se basant sur les personnages d’un auteur de bande dessinée célèbre à l’époque, Kjell Aukrust, il imagine d’abord une émission de télé de 25 minutes, mais à force d’élaborer son projet avec ses cinq collaborateurs, il se lance dans la production d’un long métrage pour le cinéma : Grand Prix.

Le film favori des norvégiens
Pendant trois ans et demi de travail, Caprino met au point une technique de stop motion (animation image par image d’une scène fixe), permettant une fluidité de l’animation rarement atteinte. Son génie de la mise en scène permet notamment de recréer les effets de vitesse avec une vérité stupéfiante pour l’époque. A sa sortie en 1975, le film est un succès immense. En Norvège, il attire 5 millions de spectateurs en salle. Une prouesse dans un pays de… 4 millions d’habitants ! Le film ne tarde par à sortir de Norvège et, parcourant les festivals du monde entier avec un pareil succès.

Une prouesse toujours étonnante
Les fans de Caprino sont nombreux. On compte parmi eux Tim Burton (Noces Funèbres), Nick Park le créateur de Wallace et Grommit, mais aussi Georges Lucas qui déclare s’être inspiré de ce chef d’œuvre pour sa course de pod de « Star Wars : la menace fantôme » ! Plus de trente ans plus tard, Grand Prix est toujours le film favori des norvégiens, et un éblouissement pour tous les publics. Les personnages sont peut-être parfois désuets, naïfs, mais cette candeur est aussi un compliment. Car l’inventivité de l’animation, l’incroyable efficacité du montage, la réelle beauté des décors et la vivacité des personnages, soignés jusqu’au plus petit détail, tout cela reste aujourd’hui encore parfaitement bluffant. Alors n’hésitez surtout pas à revenir dans le temps, à une époque où l’ordinateur et l’image de synthèse n’existaient pas, et laissez vous emporter par la géniale fantaisie de Ivo Caprino.

Un DVD très attendu
Il a fallu attendre bien longtemps pour que ce chef d‘œuvre oublié ait enfin les honneurs d’une édition en DVD ! Voilà qui est fait et, réjouissons-nous en, plutôt bien fait ! Image impeccable respectant le 1.77 du cinéma, son en Dolby 5.1. Avec, notons-le, une version française bavarde mais étonnement agréable, si l’on compare avec certaines VF des programmes pour enfant… Et puis surtout, des bonus impeccables vienne nourrir notre inévitable curiosité. Un documentaire / making of d’une demi-heure nous fait découvrir autant le travail dans les studios de Caprino que l’univers formidable de Aukrust, l’inventeur des personnages. Une leçon d’artisanat impressionnante. Le documentaire d’une heure sur Caprino complète à loisir ce tour d’horizon indispensable. Un découverte conseillée à tous et au plus vite !