Doraemon, le chat venu du futur

Petit brun aux lunettes rondes vissées sur le nez, Nobita Nobi est un jeune écolier très moyen. Médiocre en bien des disciplines, il accumule autant les mauvais résultats que les mésaventures. Alors qu’il fait preuve de son insouciance habituelle, allongé sur le sol, Nobita entend une voix lui prédire que cette journée, que le garçon envisage tranquille, ne le sera pas du tout. Pire encore, la voix lui prédit qu’il se pendra dans 30 minutes et sera face aux flammes dans 40 ! La voix vient du tiroir du bureau de l’écolier. Et de ce tiroir sort un étrange chat bleu passablement farfelu qu’une assiette de gâteaux suffit à distraire. Du même tiroir vient alors un jeune garçon, Sewashi, qui explique toute l’affaire à Nobita. Sewashi est le petit-fils du petit-fils de Nobita, venu du futur. Et il vient lui révéler que sa vie ne sera qu’un long désastre, et qu’il laissera derrière lui tellement de dettes que ses descendants en sont toujours à les rembourser ! C’est pour que ses descendants aient une vie moins difficile que Sewashi lui a envoyé du futur Doraemon, un robot en forme de chat bleu. Celui-ci sera son compagnon, et tâchera de lui faire éviter toutes les mésaventures qu’il devrait traverser, utilisant au besoin les gadgets du futur qu’il sort de sa poche à quatre dimensions. Mais entre les facéties des deux compagnons et la difficulté d’interpréter les présages de Doraemon, le remède n’est pas forcément moins désastreux que le destin…

Entre fantaisie et naïveté, Doraemon s’est très tôt imposé au Japon comme un personnage culte. Apparu en 1969, ses histoires paraissaient simultanément dans 6, puis 8 mensuels pour la jeunesse, faisant de son auteur Fujiko F. Fujio (de son vrai nom Hiroshi Fujimoto) une vraie star à la remarquable productivité. Jusqu’à l’arrêt de la série dans les années 80, ce ne sont pas moins de 1344 histoires qui constituent la série originelle. Réunies en 45 volumes, elles ont été vendues à plus de 100 millions d’exemplaires à travers le monde. Et la relation des japonais avec ce chat bleu est si passionnelle que, bien que la série n’ait pas de conclusion officielle, de nombreuses rumeurs ont couru sur la fin du chat robot. Et certaines révoltèrent les fans au point que de véritables manifestations de protestations eurent lieu devant les studios Shogakukan, qui publiaient ses aventures… Entre temps, le chat bleu a fait son apparition partout dans les programmes pour enfants grâce à des séries animées puis des films, qui ont connu un succès considérable. La série lancée en 1979 a compté pas moins de 1787 épisodes ! La plus récente série animée Doraemon a été lancée en 2005…

Le graphisme est hyper simple : Doraemon a par exemple une tête ronde sans oreille… ce qui le rend d’autant plus facile à dessiner pour les enfants ! Le rythme des histoires (dans le sens de lecture japonais s’il vous plaît !) est parfois étrangement heurté, et certains mots utilisés pour la traduction nettement suranné, mais cela fait partie du charme de cette institution. Les personnages sont moins candides que délirants, car leurs aventures gardent souvent en fond un thème qui touche le jeune public des enfants et pré-ados. Au fil des volumes, les histoires plus ou moins longues (entre dix et quinze pages en moyenne) alternent les aventures à l’état pur, comme une ballade au temps de dinosaures, avec des histoires traitant par une solide dose de délire d’un vaste spectre de thème, des premiers émois en passant par les difficultés scolaires, les relations avec les autres, ou encore l’écologie, la pauvreté… Autant de références qui font que, bien que tout se passe au Japon (avant l’espace et d’autres planètes…), les enfants de tous pays peuvent s’identifier sans mal à Nobita et ses camarades. Les éditions Kana ont entrepris d’éditer ce monument du Manga en France, dont le cinquième volume est paru le 5 avril 2008.

Et Doraemon n’est pas prêt de disparaître ! En mars 2008, le chat robot a été officiellement nommé Ambassadeur mondial du dessin animé japonais par le ministère des affaires étrangères nippon, afin de représenter la culture populaire japonaise à travers le monde. Nous sommes donc tous amené à croiser le chat bleu à l’avenir.

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