Elle se rêvait pianiste de concert, elle est chanteuse tout-terrain.
Quand on entend de telles chansons, on a tendance à se croire à l’autre siècle, quelque part dans une Amérique en noir et blanc, avec des filles carrossées comme des Pontiac et des Pontiac belles comme le premier jour. Il y a une rythmique irrésistiblement dansante, des cuivres qui font frétiller la moelle épinière et surtout une voix tout en swing et en féminité, une voix qui donne envie de faire des bêtises, une voix qui fait rêver à des nuits blanches. Mais on est ici et maintenant, avec Lady Linn et ses Magnificent Seven, avec No Goodbye At All, leur premier album. Un saut dans le temps, vers cette époque à laquelle des chanteuses de jazz dominaient le Top 100 américain ? Mieux que ça : une musique d’aujourd’hui, éclatante et généreuse, portée par une voix qui se ballade sur la mélodie avec une drôle d’autorité mutine et une gouaille de titi newyorkaise – ou plutôt gantoise.
Lady Linn vient de Gand, dans cette Flandre qui exporte depuis des années son électro hédoniste et son rock pêchu. Son rayon à elle, c’est ce jazz riche et chaleureux qu’elle arrache aux dictionnaires et aux compils historiques pour l’écrire aujourd’hui. Au Conservatoire, Linn a rassemblé autour d’elle ses Magnificent Seven pour jouer du jazz. »Je voulais reprendre des chansons oubliées qui jadis furent de la pop, faire entendre ce jazz populaire dont plus personne ne se souvenait. «
Alors elle commence à décrypter paroles et musique sur de vieux disques – « pour rigoler, pour se faire plaisir, pour partager ». Pendant quatre ans, Lady Linn and The Magnificent Seven tournent sans faiblir, avec leur pêche roborative, leur technique impeccable et leur répertoire puisé chez Anita O’Day, Duke Ellington, Dinah Washington ou Ella Fitzgerald. « Puis j’ai eu envie d’écrire mes propres chansons. »
Car, avec sa voix de cuivre et de sucre, avec sa frange à la Betty Page et son sourire radieux, avec son abattage de grande dame et ses rires de fillette, Lady Linn pourrait n’être qu’une interprète aux charmes multiples et affirmés. Or elle est aussi une plume exigeante, que ce soit pour les paroles ou pour les mélodies.
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