Iron Man

Inventeur de génie, Tony Stark a repris la tête de l’entreprise de son père, Stark Industries. Mais alors que beaucoup considèrent comme un immense patriote au service des Etats-Unis, d’autres le voient comme le plus puissant des marchands de mort de la Terre. Tony Stark fabrique des armes, qu’il vend par milliers, et se moque du reste. Fêtard et cynique, il préfère de loin bricoler ses voitures que parader dans les réceptions. Une démonstration de sa dernière invention, en Afghanistan, va tout bouleverser. Son convoi est attaqué, il est grièvement blessé par des insurgés équipés de ses propres armes, puis séquestré dans une caverne et sommé de fabriquer un lance-missile dernier cri pour ses geôliers. Au lieu de se plier à leurs exigences, Tony Stark va construire en secret le moyen de s’échapper : une armure surpuissante. Le Tony Stark qui rentre chez lui n’est plus le même: il décide d’abandonner la fabrication des armes pour se consacrer à la technologie qui l’a sauvé. Une volte-face qui va faire de lui un héros, et se déchaîner ses ennemis…

Dans la très grande famille de super-héros estampillés Marvel (pas loin de 5000 personnages !) Iron Man a une place à part : il est pratiquement le seul à être un homme normal. Pas de piqûre d’araignée, d’irradiation malencontreuse ou d’origine extraterrestre, c’est par son génie qu’il se construit une armure prodigieuse, qui fait de lui un authentique super-héros. Son passage au cinéma n’en était pas moins un rude défi. Pour le relever, le réalisateur et son équipe ont fait le choix de la crédibilité. Cela peut sembler prétentieux vu l’univers exploité, mais très judicieux au final. De la fabrication des armures aux aléas d’un entraînement mouvementé, on voit "naître" Iron Man, sur fond de réflexion pas bête sur la course aux armements. Très réussis, les effets spéciaux signés Stan Winston parachèvent cet équilibre. Mais la cerise sur cet appétissant gâteau reste indiscutablement un surprenant casting. Toujours drôle et nuancé, Robert Downey Jr donne à son Tony Stark ce relief, cette densité qui manque cruellement à tant d’autres super-héros. Dans le rôle du méchant, autre coup de génie, Jeff Bridges apporte son charisme à un personnage qui n’aurait pu être qu’une caricature. Ajoutons la touchante Gwyneth Paltrow et le solide Terrence Howard, et tout est en place pour le spectacle.

Si l’on voit défiler les super-héros sur grand écran, Iron Man est la première production financée à 100% par Marvel Entertainment. Une réussite donc ! Prenant le temps de construire son héros, le film fait d’abord preuve d’esprit et d’originalité, avant de nous embarquer dans l’aventure, sans délaisser la naïveté liée au genre. Par exemple, l’idée que Stark puisse construire son armure sans que ses gardiens ne s’aperçoivent de rien est bancale. Mais on y croit parce que le tout est bien amené, s’intégrant avec une certaine pertinence dans la réalité mouvementée de notre monde. Rappelons que Iron Man était à sa création un héros de l’anti-communisme… Le rythme est agréable, alternant des scènes d’action à la violence toute relative, et des scènes souvent drôles, comme la prise en main chaotique de l’armure par son propriétaire. Et tout cela avec une jolie économie de ce qui encombre les productions du genre: efficace mais pas poseur, Iron Man nous épargne même la love story avec sa fidèle secrétaire. Et la fin s’offre un coup de poker prometteur pour les futures séquelles: Tony Stark dévoile son identité secrète ! La formule est si satisfaisante que l’on regrette presque que le combat final, solide, ne soit pas encore plus délirant, et qu’un personnage comme celui incarné par Jeff Bridges n’explose pas un peu plus… Efficace, fun et pas niais, Iron Man se prépare une belle carrière, et on peut y accompagner les plus jeunes sans risquer de s’ennuyer.