Les 22 et 23 décembre 2010
Opéra Comique
© Christian Ganet
Le Carnaval Baroque du Poème Harmonique, salué par des salves d’applaudissements, a enchanté le public de l’Opéra Comique, emportant petits et grands dans l’univers festif des piazzas romaines, des tréteaux et des perches de chapiteau.
Pour tenter de s’approcher de cet esprit du XVIIè – peu de documents révèlent le déroulement authentique des festivités avant le Carême – Vincent Dumestre a imaginé un « monde à l’envers » poétique, burlesque et grotesque. Des images saisissent l’imagination. Comme dans un tableau qui s’anime peu à peu, les musiciens apparaissent sur scène. Il mêle les genres, comique et lyrique, fait se succèder des numéros d’acrobates, de mimes, de prestidigitateurs, de jongleurs et de valets masqués de la commedia dell’arte et alternant avec des airs de Monteverdi, Fasolo et de Maletti. Il faut entendre le terme « baroque » au sens de mélange des genres, de confusion et de véritable feu d’artifice.
© Christian Ganet
Dans cet univers essentiellement masculin, quelques rôles travestis apportent cette tonalité burlesque, propre au carnaval, notamment la présence très remarquée de l’alto, Bruno Le Levreur. Saluons aussi la reprise grimée du magnifique Lamento de Monteverdi, véritable pastiche du genre.
On pourrait relever que dans ce choix ambitieux le rythme est parfois un peu lent, mais les plus jeunes enfants ont beaucoup ri, notamment lors du théâtre de tréteaux avec les feux de la rampe. Les adultes ont reconnu l’éclairage aux bougies du XVIIe siècle.
L’émerveillement naît de ces tableaux successifs, de ce décor qui se construit et se défait comme par magie dans une chorégraphie astucieuse et pleine d’humour enchaînant les métamorphoses et les cabrioles.
L’esprit léger de Scaramouche, audacieux voleur et gourmand fantaisiste, règne sur le plateau, ses facéties irradient et plongent le spectateur dans un tourbillon de surprises et de franches espiègleries.
Marie Torrès
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