L’homme qui faisait des robots

C’est l’histoire d’un homme qui bossait pour les plus grands, avec les plus grands… C’est l’histoire d’un homme qui, un jour, en a eu marre et a décidé de tout lâcher pour faire des jouets. À l’occasion de la sortie de son nouveau modèle, le RoboReptile, nous avons rencontré Mark Tilden, inventeur de génie !

Il y a deux ans, personne n’avait vu venir le jouet de l’année. RoboSapien débarque pourtant à la rentrée 2004 et s’impose très vite comme le jouet de Noël. Ce premier humanoïde de divertissement intelligent possède plus de 67 fonctions préenregistrées, des modes de programmation, 6 capteurs et 7 moteurs, faisant de lui un jouet unique, très vite adopté par les petits… et les grands ! Un robot avec une attitude à lui, qui danse, fait du kung-fu, rote et siffle les filles. Le Noël suivant, WowWee récidive avec trois nouveaux robots : RoboDog, RoboRaptor et RoboSapien V2. Le premier fera un carton auprès des filles, le second auprès des garçons, le dernier auprès des fans de high-tech ! Autant donc dire qu’au retour en France de leur créateur, Mark Tilden, nous n’avons pas pu nous empêcher d’insister pour le rencontrer et en savoir plus sur son parcours. Pour Noël 2006, Tilden n’est pas venu seul. Il est accompagné d’un nouveau venu, le RoboReptile, version plus agile et agressive du RoboRaptor, ainsi que de la version française du RoboSapien V2 !

Le gentil RoboDog
Bien plus petit que RoboRaptor (18 cm de long), RoboDog est un vrai chien savant, autonome et doté d’une forte personnalité. Il suffit de l’allumer pour qu’il commence à vivre sa vie de chien robotique. Selon son humeur, il donne la patte, fait le mort, roule sur le dos, se relève, hurle à la mort, se gratte l’oreille, saute, se balance… Il réagit à tous les sons et mouvements environnants grâce aux différents capteurs placés sur son corps. On peut aussi le rendre dépendant de sa télécommande, auquel cas on peut lui donner des ordres (20 actions différentes que l’on peut aussi programmer), lui demander de garder un lieu par exemple. Comme un vrai chien, on peut le féliciter lorsqu’il obéit ou le punir lorsqu’il n’en fait qu’à sa tête, ce qui permet de le dresser. Malgré son look très… robotique, RoboDog possède des mouvements d’un réalisme saisissant et une vraie intelligence qui lui permet, par exemple, de repérer les bords d’une table pour ne pas en tomber ! À 50€, cela en fait le robot le plus abordable de sa génération !

Le méchant RoboRaptor
D’un look plus agressif et surtout d’une taille très impressionante (80 cm de long !), RoboRaptor est un dinosaure aux humeurs parfois imprévisibles ! Tendez la main vers lui et il s’y frottera, à moins qu’il ne l’évite ou qu’il ne cherche à mordre. Comme RoboDog, il fonctionne en mode autonome, ce qui fait de lui un prédateur redoutable. Ses capteurs sonores et sa vision infrarouge lui permettent de repérer tout ce qui bouge et de le traquer. Il faut le voir au moins une fois tourner la tête vers vous et se mettre à foncer en prenant son air méchant pour comprendre la surprise réelle qu’il peut susciter. Et je ne parle même pas de votre chat, qui sera vraisemblablement traumatisé à vie le jour où vous adopterez un RoboRaptor chez vous. Un robot étonnant, aux déplacements et aux mouvements très réalistes, qu’il est possible de contrôler via la télécommande pour le rendre docile, découvrir les modes de démonstration ou encore le mettre en mode surveillance… RoboRaptor est disponible au prix de 79€.

Robosapien v2 en français
Bien plus grand que son acolyte de la première génération (il mesure 60 cm), il s’est doté d’une caméra de reconnaissance visuelle et de capteurs tactiles des mains et des pieds… qui le rendent encore plus autonome. Il peut désormais effectuer plus de 100 actions préprogrammées, mais il réserve a priori un grand nombre de surprises à découvrir. Avec 14 moteurs, il est encore plus réaliste dans ses mouvements que son prédécesseur et peut contrôler RoboDog et RoboRaptor… Moins abordable (200€ tout de même), c’est vraiment un jouet pour grands garçons !

RoboReptile, le dernier né
Si vous avez encore en tête l’attitude aggressive des raptors de Jurassic Park, alors le RoboReptile ne vous surprendra pas totalement ! Ses mouvements sont encore plus réalistes que les précédents, et il est aussi féroce qu’effrayant ! Dirigé grâce à sa télécommande, il peut être contrôlé, mais une fois en mode autonome, il devient totalement imprévisible : une minute d’inattention et il se jette sur vous sans pitié ! Un vrai dinosaure de garde… pour tout juste 100€ !

Mark Tilden qui es-tu ?
Physicien de formation, chercheur à la NASA et au laboratoire de Los Alamos, c’est le père de la robotique biomorphique appliquée (un truc qui doit en jeter pour draguer les filles en boîte). Son hobbie ? Développer des robots capables d’évoluer seuls dans leur environnement, sans intervention humaine. Il a développé de nombreux robots pour l’armée, pour le déminage de terrain comme pour les interventions à risque, mais aussi des robots d’exploration pour Mars. C’est d’ailleurs l’échec d’une mission de la NASA ayant conduit à la perte de son robot qui l’a décidé à lâcher les institutions sérieuses pour lesquelles ils travaillaient. Il s’est alors orienté vers l’industrie du loisir et du jouet chez WowWee, géant de Hong Kong. Son premier jouet, B.I.O. Bugs, était un insecte robot dont les capacités étaient assez réduites. Les ventes ont été telles qu’il a ensuite travaillé sur RoboSapien, dont le succès mondial lui a ouvert de nouveaux horizons ! Mais Mark est également consultant auprès des studios d’Hollywood et a été le conseiller personnel de Bill Clinton en matière de nouvelles technologies !

Top-Parents : D’où vient cette passion pour les robots ?
M.T. : Tout petit déjà, je construisais des répliques de tous les robots que je voyais, dans les comics, les séries télévisées ou au cinéma. J’en ai quand même fait plusieurs centaines !

Top-Parents : Vos robots sont figés ou améliorables ?
M.T. : Non, ils sont conçus pour des mômes (ou des grands) comme moi. Un seul tour de tournevis et vous récupérez le coeur du robot, où tout est annoté et expliqué. Vous pouvez en faire ce que vous voulez. Certains y ont ajouté des caméras, d’autres des Pocket PC ! J’ai d’ailleurs donné toutes les astuces pour y arriver sur plusieurs sites Internet. Mais on voit de tout, il y a même un programme pour contrôler son RoboSapien avec une PSP !

Top-Parents : On a vu RoboSapien dans pas mal de films délirants sur le Net. Vos réactions ?
M.T. : C’est génial ! J’ai moi-même fait un film, Terror of the Ten-Buck Tit from Temple Street, dans lequel RoboSapien sauve Hong-Kong d’une bataille liée à des surplus de jouets… Il faut comprendre que les robots peuvent être un sujet d’amusement, ce qui n’est pas dans les moeurs actuels. Dans la science, l’industrie, l’aérospatiale ou l’armée, les robots sont beaucoup trop sérieux. C’est normal, puisque les scientifiques doivent convaincre les sponsors qu’ils font un vrai boulot, et pas du bidouillage. Dieu merci, je travaille maintenant dans l’industrie du jouet, où je peux manier plus facilement mon humour et mon ironie.

Top-Parents : Que pensez-vous des robots comme le Qrio de Sony ou l’Asimo de Honda ?
M.T. : Qu’ils sont très chouettes, c’est sûr… mais complexes, hors de prix, massifs et conçus avec le soutien de gouvernements, des centaines d’ingénieurs et programmeurs hautement qualifiés. Le problème, de mon expérience, c’est que c’est une impasse. Quand une technologie se heurte à autant de complexité, cela devient un vrai gâchis d’argent. Il existe des solutions, plus abordables. Mes robots en sont une.

Top-Parents : Vous travaillez sur les robots de 2007. Peut-on déjà savoir ce qu’ils feront ?
M.T. : À part la reconnaissance vocale dans six langues (dont le français, ouf…), je ne peux rien dire du tout. J’ai eu beau travaillé pour la CIA, la NASA, le FBI et le gouvernement américain, je peux vous dire que je n’avais jamais signé d’aussi gros contrats de confidentialité que dans le monde du jouet !

Top-Parents : Et au niveau interface, que peut-on attendre dans le futur ?
M.T. : Encore une fois, la reconnaissance vocale est la prochaine étape. Mais, pour moi, l’interface doit être intuitive. Dans le futur, la ménagère donnera un coup de pied dans le derrière de son robot quand elle voudra qu’il aille étendre le linge.

Top-Parents : Si l’on se projette encore plus loin, comment voyez-vous l’évolution de la robotique ?
M.T. : Je suis un peu Blade Runner (sans la musique de Vangelis en fond). Je me vois dans les cinq ans à venir avec une équipe complète, uniquement pour éliminer les Biomorphs Repliquants qui auront échappé à leurs maîtres pendant des scéances de jeux de rôle grandeur nature. Non, sérieusement, je pense que le futur de la robotique va être fun… et surtout beaucoup plus proche que vous ne l’imaginez ! Les technologies modernes de communication vous permettent d’amener le monde jusqu’à vous. La robotique vous permettra de vous amener au monde, de façon simple, rapide et sans risque. Les robots ne remplaceront pas les humains, mais ils pourront faire plein de choses à notre place : faire les courses, essayer un costume… Mais c’est ma vision, et je sais qu’elle diffère de celle que l’on peut entendre un peu partout.