Le monde de l’enfance a l’habitude de s’entourer de garants scientifiques, d’autorités médicales. Mais que cela soit dit, le plus connu des docteurs américains associé par ses ouvrages au monde de l’enfance n’a jamais signé la moindre ordonnance!
Theodor Geisel fait ses premières armes dans la presse humoristique en devenant le rédacteur en chef du magazine satirique du Dartmouth College. Responsabilité dont on le priva lorsqu’il organisa une soirée arrosée pour protester contre la politique de la prohibition… Pour pouvoir continuer d’écrire dans le journal, le jeune étudiant choisit comme pseudonyme son second prénom, hérité de ses origines allemandes : Seuss. Il poursuivit ses études à Oxford dans le but d’obtenir un doctorat en littérature, mais ses études l’ennuyaient terriblement et il préféra faire un tour d’Europe à une carrière de professeur. L’université britannique eut cependant un bienfait de taille : il y rencontra Helen Palmer, qui devint sa première femme, et l’accompagna dans son aventure littéraire comme auteur et éditrice. De retour chez lui, il fait carrière comme illustrateur, vite apprécié de la presse autant pour ses textes humoristique que son coup de crayon si personnel. Une carrière prolifique signée Seuss, pseudonyme auquel il ajoute un « Docteur », vraisemblablement pour son père, qui regrettait que ce fils en qui il fondait de si grands espoirs n’ait jamais obtenu son doctorat…
Trop vieux pour rejoindre les troupes lors de la seconde Guerre Mondiale, c’est par son humour et son trait qu’il se joint à l’effort de guerre. Il dessine pour l’armée et se lance avec succès dans l’animation. Peu avant, c’est à l’invitation d’un éditeur qu’il aborde pour la première fois l’illustration pour la jeunesse. Une expérience qui le pousse à écrire et illustrer sa première histoire And to Think That I Saw It on Mulberry Street, qui paru en 1937 après avoir été refusé jusqu’à 27 fois selon les estimations de l’auteur ! Continuant de collaborer à la presse adulte, il va inventer des ouvrages que la jeunesse va chérir pour leur fantaisie délirante et des illustrations formidablement efficaces. Horton l’éléphant et le Grinch voient ainsi le jour. Son « chef-d’œuvre » eut une origine plus étonnante, et on ne peut plus pédagogique. En 1954, une enquête du magazine Life met en lumière que les difficultés d’apprentissage de la lecture, grandissante chez les écoliers, sont en partie dues au fait que les livres qu’on leur propose sont ennuyeux. En réaction à cette enquête, l’éditeur du Dr Seuss dresse une liste de 400 mots, essentiels à ses yeux pour de jeunes enfants abordant la lecture. Il soumet ensuite cette liste à l’auteur en lui demandant de s’en inspirer pour écrire une histoire.
Sélectionnant 225 d’entre eux, il écrit The cat in the hat / Le chat chapeauté, qui devient vite un ouvrage de référence incontournable dans l’apprentissage de la lecture de millions de jeunes américains dès l’age de 3 ans. Son œuvre, qui comprend 44 livres, est marquée par un sens de l’humour malicieux, et une intelligence du récit conduisant à une morale rarement assommante. Dans la forme, son goût pour les poèmes en rimes et un don inné pour dessiner des personnages très attachants restent sa marque de fabrique. Alors que la plupart de ses ouvrages sont littéralement vénérés aux USA, et bien qu’ils aient en grande partie été traduits en plus de 15 langues, les petits français doivent aux adaptations cinématographiques le plaisir de leur découverte. En dehors de Comment le Grinch a volé Noël et Le chat Chapeauté, édité par Kid Pocket, et en attendant une probable édition de Horton, il est bien difficile de trouver un livre du Dr Seuss en français !
Pour s’imprégner de son univers si particulier, vous pouvez vous tourner vers les rayonnages de DVD ! Le Grinch (Universal) de Ron Howard doit beaucoup de son efficacité à l’abattage de Jim Carey, véritable fan de l’auteur. La même histoire a aussi inspiré un dessin animé, Comment le Grinch a volé Noel, dans la collection WarnerKids. En dépit de la motivation de Mike Myers dans le rôle titre, Le chat chapeauté (Dreamworks) de Bo Welsh est plus décevant, manquant de rythme et dénaturant trop l’œuvre originelle. Hélas, le film le plus difficile à trouver, puisque toujours pas édité en France, est aussi le plus étonnant : les 5000 doigts du Dr T de Roy Rowland. Réalisé en 1953 d’après une histoire du Dr Seuss, c’est une comédie musicale délirante imprégnée de l’univers de l’auteur, nous invitant dans le rêve en technicolor d’un petit garçon martyrisé par son professeur de piano. Diffusé parfois sur les chaînes cinéma, c’est une perle à ne surtout pas rater !
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