Les Simpson : le film

L’heure est grave à Springfield. Son lac est tellement pollué que le dernier groupe de rock a avoir osé y faire un concert y a sombré comme le Titanic, dissous dans l’acide. Heureusement, bataillant contre l’indifférence totale de la population, Lisa parvient à réveiller les consciences : la catastrophe est évitée à un ultime déchet prêt. Déchet qu’un inconscient va tout de même abandonner dans le lac ! Springfield devient le lieu le plus pollué au monde, et le coupable n’est autre que Homer Simpson, bien sûr. Après avoir préféré son fils à un cochon, épuisé la patience de sa femme Marge, trahi l’ambition écologique de Lisa, Homer fait de sa famille l’ennemi public numéro 1. Et il y a pire: le président des Etats Unis décide d’isoler Springfield tout entier sous un dôme, promettant ses habitants au plus sinistre destin…

Simpliste au possible, l’esthétique du dessin animé des Simpson n’avait aucun intérêt à enchérir dans le délire 3D. C’est moins la forme que le format qui intéressait, notamment l’occasion de développer une histoire d’1h 20. Et le vrai défi consistait à garder le rythme, le ton et l’humour avec la même intensité qu’un épisode de la série. Un pari gagné haut la main. Dès le début, Homer prend le spectateur à rebrousse poil, le traitant d’andouille pour aller voir au cinéma ce qu’il a gratuitement à la télévision… Le reste est à l’avenant, méchant et décalé, sans jamais tomber dans le gadget. Les scénaristes s’autorisent toutefois quelques "plaisirs" comme un savoureux clin d’œil à Disney, ou en bousculant les censeurs tout puissant avec un Bart nu comme un ver. Plus qu’impertinent dans une Amérique gagné par le vertige religieux, les Simpson assume plus que jamais son rôle de poil à gratter.

Accumulant les clins d’œil, pas tous traduisibles mais souvent savoureux, le film nourrit l’appétit d’humour des petits et des grands, optant toujours pour le gag "énorme" plus que la vulgarité, rare au final. Et derrière chaque pique, chaque délire, une pointe de lucidité sur notre monde bancal. Promenant sa loupe irrespectueuse sur nos sociétés, assumant un humour jouissivement incorrect, le film parle aussi bien écologie que relation parents/enfants, et le rire n’en diminue pas la portée. Mais voilà. Un père qui essaie d’étrangler son fils avant de le mettre au défi de traverser la ville les fesses à l’air, un fils qui boit de l’alcool, des adultes essentiellement cinglés et violents, est-ce un spectacle à montrer aux plus jeunes ? Il faudrait s’en inquiéter si les enfants ne voyaient là qu’un déchaînement creux. Mais les excès caricaturaux de la pire famille américaine mettent en relief des situations auxquelles chacun est sensible. Sans jamais donner de leçon ou revendiquer un message, les Simpson incarne l’arme de la dérision dans une optique grand public, un rire bête et méchant mais avec un fond. Ce qui explique à la fois l’incroyable longévité de la série, sa capacité à conquérir les générations, et le succès de ce film !

Pour son édition en DVD, le film est accompagné de quelques bonus. Bien que difficiles à proposer aux plus jeunes, les commentaires audio du créateur Matt Groening et de ses équipes valent le détour… Plus accessibles, vous trouverez 6 scènes coupées qui n’apportent pas grand chose, ainsi que quatre séquences de bonus promotionnels conçus pour le public américain. On y voit Homer prenant la place d’un célèbre animateur de talk Show Jay Leno, et toute la famille officier en tant que jury pour Americian Idol, l’émission qui a donné notre "Nouvelle Star". On pourra leur préférer les pré-bandes annonces, exercices de style franchement réussi. Des bonus amusants, mais décevants si l’on considère le succès du film et l’institution du dessin animé qu’incarne les Simpsons…

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