Abandonnés par leurs parents épuisés, les enfants de Timpelbach reprennent la ville en main… Que le cinéma français s’intéresse à l’univers de l’enfance est déjà rare, mais lorsqu’il se donne les moyens d’un univers original et soigné, c’est carrément exceptionnel ! Ce Timpelbach frappe par la richesse de son jeune casting et l’univers foisonnant d’un tout jeune réalisateur.

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Notre avis

L’univers est original et très construit, l’image soignée avec un raffinement dans le détail qu’on ne voit pas souvent, surtout pour les enfants ! Le rythme un peu bousculé agacera sûrement les plus grands, mais les plus jeunes devraient y trouver leur bonheur, à grand renfort d’intrigues et de baffes. Et puis le fond, fidèle au livre, est loin d’être bête. Premier film d’un réalisateur à suivre, Timpelbach réunit un jeune casting épatant que l’on espère revoir dans beaucoup d’autres rôles…
F.L.

Ce qu’en disent les enfants

Je ne sais pas si j’aurais été du côté des gentils, ça doit être bien aussi d’être un méchant (réflexion suivie de ricanements diaboliques)… Ou alors le héros du village, celui qui n’a peur de rien (Thomas). Parce qu’il a pas peur de se bagarrer… J’adore les oiseaux automates ! Et quand c’est du dessin animé, au début… J’ai bien aimé.
Marco, 11 ans

Informations

Fantastique
Réalisé par Nicolas Bary
A partir de 6/7 ans
Sortie le 17 décembre 2008
www.timpelbach-lefilm.com

Images

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Il y a des enfants difficiles, turbulents. Et puis les enfants de Timpelbach, qui de tous sont les pires. Certains d’entre eux s’ingénient à multiplier les catastrophes avec une telle constance que leurs parents n’arrivent plus à les défendre. Au point qu’ils finissent par tous se mettre d’accord : pour leur donner une leçon, ils vont disparaître. Et s’offrir un pique-nique en forêt. Le soir venu, ils rentreront et retrouveront une marmaille bien embêtée. Mais la cohorte de parents s’égare en forêt et franchit par malheur une frontière ! Ils se voient directement emportée en prison… A Timpelbach, en leur absence, c’est la fête. Plus d’école, ni de corvée ou de punition ! Au lendemain de la fête, l’absence des parents commence pourtant à se faire sentir. Et très vite, deux camps se forment. Ceux qui veulent faire tourner la ville en attendant le retour des parents, et puis ceux qui n’ont aucune envie de voir revenir les parents, et sont bien décidés à imposer leur pouvoir. Entre eux, c’est très vite la guerre…

Nous vous en avions déjà parlé : l’entreprise Timpelbach a tout d’un ovni. En plus d’aborder un genre qui fait fuir le reste de la profession, la production cumulait les promesses de catastrophes ! Premier long métrage pour le réalisateur, premier aussi pour le producteur Dimitri Rassam, tournage en extérieur en décor naturel avec 25 enfants de 7 à 13 ans, suivant un idéal graphique très poussé, avec bagarres générales et double couche d’effets spéciaux à la clef ! Et pourtant, ils y sont parvenus. Il n’a plu qu’un jour (le premier !), le village médiéval découvert en Belgique est superbe et les forêts du Luxembourg parfaites. Bien malin celui qui discernera les ajouts infographiques dans cette ambiance de conte ! Face à un casting d’adultes traités comme des caricatures de cartoon, la troupe entière des gamins en impose dans un livre d’image ambitieux. Ce premier film n’est pas exempt de défauts, bien sûr. On aurait aimé s’attarder un peu, creuser certains personnages, passer sur certaines scènes pour profiter d’autres, peut-être un rythme plus « punchy » et de grosses scènes encore plus majestueuses, mais le résultat final est si riche et sincère qu’il serait dommage de jouer la fine bouche !

Classique un peu poussiéreux de la littérature enfantine, Les enfants de Timpelbach devient un film pour des enfants d’aujourd’hui, et c’est peut-être là sa plus grosse réussite. Parvenant par un raffinement de décors et de costumes à brouiller les repères temporels, le réalisateur a su composer un univers hors du temps, mais réunissant des références auxquelles le jeune public sera sensible. Ce masque énigmatique derrière lequel les méchants se cachent rappellent bien des mangas… Et les mécaniques ingénieuses du petit génie de la bande font penser à plus d’un laboratoire de dessin animé ! Contemporains et naturels, les dialogues libèrent assez bien les personnages, chacun étant très identifié, comme pour un jeu de rôle. Raphaël Katz est Manfred, amoureux trop timide et rêveur impénitent, le gentil auquel chacun s’identifie aussitôt. Formidable d’énergie, Adèle Exarchopoulos incarne Marianne, la meneuse au cœur pur qui hésite encore face à sa féminité. Impressionnant et pourtant touchant, Baptiste Betoulaud fait un leader de méchant parfait, décidé à faire régner sa loi parce que lassé des baffes des adultes. Muet mais si expressif, les grands yeux de l’impétueux Barnabé, incarné par l’adorable Julien Dubois, sont la candeur amoureuse telle que tous les enfants la rêvent. Victime de sa naissance mais profitant de sa noire malice, Lola Creton est une venimeuse Mireille qui hésite, comme beaucoup, entre les deux camps. Incroyablement charismatique, Leo Legrand est Thomas, le « Aragorn » de Timpelbach, héros hors norme qui n’est plus tout à fait un enfant et que tous les garçons rêvent de devenir. Et puis il y a Willy Hak, visage d’ange et cœur noir qui, trop déçu par les adultes veut que tous partagent sa haine, son goût du chaos. Pour une fois du côté obscur, l’excellent Martin Jobert jubile visiblement à incarner le méchant parfait. Chaque personnage incarne ainsi une facette des questions et des attentes de l’enfance, composant un attrayant puzzle où chaque petit spectateur trouvera à s’identifier.

Mais comme l’a si joliment exprimée Adèle Exarchopoulos au cours de nos interviews, au-delà de l’action, des émotions et de la fantaisie continuelle, Timpelbach touche les plus jeunes par son plaidoyer pour l’innocence, le droit à la candeur. Se lançant dans une guerre du bien contre le mal, assumée avec délice par chaque camp, les enfants de Timpelbach vont passer peu à peu de la « bagarre » aux sales coups. Et quand ces sales coups useront des moyens des adultes, l’issue sera un drame. Comme une mise en garde avant de passer cette frontière invisible, qui laisse l’enfance de l’autre côté. 

Frédéric Lelièvre

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