Un jeune adolescent mexicain ne rêve que de passer la frontière pour faire sa vie aux Etats-Unis. Un chemin cruel et périlleux dont le prix sera terrible… Au travers de ce portrait d’une grande justesse, le réalisateur met en image la désillusion que vit la jeunesse de son pays. Un film rude mais terriblement humain qui dépeint un drame quotidien.
Les deux gosses sont formidables de naturel, et leur destin est sûrement représentatif de la démarche de milliers d’autres gamins du Mexique, aujourd’hui même. Pour cette raison, mais aussi pour la qualité de la réalisation et l’originalité du récit, Pièces Détachées est un film attachant à ne pas louper, incarné par des personnages parfaitement crédibles qui vous restent longtemps en tête.
F.L.
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Ivan travaille souvent avec son oncle Jaime, revendeur de pièces détachées. Ils font partie d’un véritable quartier dans la ville de Mexico, entièrement consacré aux pièces détachées pour voitures. Petit à petit, ils amassent la somme qui leur permettra de passer illégalement la frontière pour s’installer dans la ville de leur rêve, Chicago, et ainsi commencer une nouvelle vie. Le reste du temps, Ivan travaille à une station de nettoyage avec son copain Efraim. Ensemble, les deux garçons font les 400 coups, rêvant de richesse, d’indépendance et de filles. Mais l’urgence de gagner plus les amène à franchir toujours plus les limites de la légalité : Jaime fait de Ivan un voleur de pièces de voitures, répondant à la commande des clients. Une pente glissante sur laquelle Ivan entraîne son copain. Obnubilé par son imminent départ, Ivan voit le fragile équilibre de sa vie basculer lorsqu’il apprend que Lupita, la petite amie de son oncle, a décidé de se joindre à eux. L’argent qui payait deux passages ne suffira pas pour trois, et Ivan refuse d’être si facilement laissé de côté. Il décide de faire cavalier seul, volant pour son propre compte…
En signant son premier long-métrage, le franco-mexicain Aaron Fernandez fait preuve d’une maîtrise extrêmement séduisante. Econome en effet superflue, sa caméra filme au plus prêt ses deux jeunes acteurs, Eduardo Granados et Alan Chavez, excellents comme tous ceux qui les entourent. Sans jamais forcer sur les caricatures, mais parvenant parfaitement à instaurer une atmosphère fiévreuse, Fernandez nous montre de façon très réaliste le quotidien de ce Mexique qui rêve d’un ailleurs. Evitant le travers du documentaire, le destin de ces deux gosses bientôt adolescents nous invite à comprendre l’état d’esprit de ceux qui ne vivent que pour la chance hypothétique qui les attendrait de l’autre côté d’une frontière. Vivotant entre trafics et petite délinquance, ils vibrent pour un rêve qui est lui-même de toute façon illégal, dans l’ombre de l’immigration clandestine. Enfant du Mexique d’aujourd’hui, Ivan et Efraim ne sont pas d’indécrotables vauriens, ils ne manquent pas de fierté et de tendresse, mais la pauvreté et les tentations font qu’ils n’ont rien d’enfants modèles. Jonglant avec les ennuis et la loi, ils boivent et fument, flirtent avec gourmandise, de vrais sales gosses qui se donnent des airs, terriblement attachants dans leur fragilité, leur candeur.
Depuis Bunuel et ses Olvidados, le cinéma du sud et du centre des Amériques a toujours su trouver le ton juste pour parler de sa jeunesse sans se voiler la face. Pièces Détachées entre dans cette catégorie de films touchants et nécessaires, sans jamais forcer sur le spectaculaire ou l’excès. D’ailleurs, le réalisateur s’abstient judicieusement de juger, de donner des solutions ou de pointer d’éventuels coupables du doigt. Sa ville de Mexico est aussi inquiétante que belle, aussi sombre que lumineuse, tout comme ses personnages. Une sincérité qui a déjà payé, puisque le film, sélectionné pour Cannes Junior 2008, a remporté plusieurs récompenses. Pièces détachées est à découvrir sans hésiter, d’autant que la violence n’y a pas la vedette : il faut attendre la fin du film pour entendre un coup de feu. Mais de par sa rudesse et le ton cru de certaines scènes, le film est plus destiné à un public commençant par les pré-ados.
Frédéric Lelièvre
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