Chasseurs de dragons

{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}eux chasseurs de dragons à la noblesse toute relative se voient propulsés sauveurs du monde, encouragés par une princesse baratineuse à affronter le plus terrifiant des monstres… Ce bijou d’animation français brille autant par sa beauté que par son ton décalé. Un pur plaisir !

Des ponts qui s’envolent dans les airs, des nuées de chauve-souris rouges qui s’abattent sur les îlots de pierre… les signes annonciateurs de la venue du Bouffemonde se multiplient. Cette abomination légendaire a déjà coûté tous ses chevaliers au vieux seigneur Arnold, et il n’y a plus un preux chevalier pour lui barrer la route. Sa nièce, l’intrépide Zoé, refuse pourtant de baisser les bras, et se met en devoir de trouver elle-même les nobles chevaliers qui les sauveront de la destruction. C’est alors qu’elle rencontre Gwizdo et Lian-Chu. Le premier est avare, avide, peureux et combinard. Le second immense, puissant et… amateur de tricot. Un étrange duo sans le sou qui peine à être reconnu comme chasseurs de dragons. Devant la récompense que fait miroiter la jeune princesse, les deux complices n’hésitent pas à suivre la gamine, avec l’intention de filer sitôt  la confortable récompense empochée. Mais la petite Zoé a de la suite dans les idées et Gwizdo bien peu de chance ! Sans oublier les dragons qui se multiplient, et les poussent sur la route du Bouffemonde…

Aboutissement d’un concept qui a déjà donné naissance à une série animée homonyme, aussi appréciée que réussie, Chasseurs de Dragons est un plaisir pour toute la famille. En se réappropriant les codes de l’héroïc fantasy, ses créateurs ont su faire vivre un univers plein de caractère, réplique inspirée aux récits classiques et aux personnages lisses. Ces deux anti-héros là s’efforcent surtout de rester en vie, cherchant en vain à s’enrichir dans un moyen-âge où règne l’injustice et la malhonnêteté, même parmi les plus grands seigneurs. L’histoire est donc trépidante, rythmée à souhait et garnie de dragons surprenants pour le plus grand bonheur du jeune public, toujours avide de monstres cinglés. Ultime atout et non des moindres, Chasseur de dragons est riche d’un humour très plaisant, lorgnant volontiers vers le non-sens et le clin d’œil. Mais c’est visuellement que le film épate le plus. Multipliant les inspirations, poussant l’exigence visuelle à un niveau exemplaire, les décors sont magnifiques et le niveau de l’animation une vraie référence. C’est drôle, c’est beau, profondément original, poétique et impertinent à la fois. Bref, une nouvelle référence de l’animation française, qui compte déjà de nombreuses étoiles.

Présentés dans des boîtiers en métal, il existe deux éditions du DVD. La version simple propose une galerie de dessins de jeunes fans et tout un lot de goodies en section Rom comprenant des fonds d’écran, des jeux interactifs, des écrans de veilles, des dessins à colorier… Dans sa version double, le DVD est présenté avec un livret de 48 pages. Le second DVD, consacré aux bonus,  présente un making of assez complet qui a l’avantage de montrer toute l’équipe au cours de la fabrication du film. Survolant chaque étape, du design à la musique, on assiste aux conversations, aux doutes et aux débats. L’étape du doublage nous permet de découvrir les voix de la version américaine, dont le grand Forrest Withaker. Des doublages auxquels est consacré le second sujet. Dans l’intimité du studio d’enregistrement, le casting français des "voix", dont Patrick Timsit et Amanda Lear, se livre un peu. Le discret Vincent Lindon nous donne pour l’occasion une leçon de nuance pour l’interprétation d’une simple réplique. Les bonus comprennent aussi deux scènes coupées commentées par les réalisateurs, un sujet contestable sur la musique, images sans commentaire de l’enregistrement du grand orchestre, ainsi qu’un bel éloge du film par un connaisseur en matière d’art fantastique, le grand illustrateur John Howe. La section se conclue par une triple galerie d’image, où l’on aurait aimé découvrir plus de designs et de croquis préparatoires que d’images extraites du film. Pour être à la hauteur du film, les bonus auraient mérité des sujets plus ludiques sur les personnages. Et une exploration même fantaisiste de cette géographie unique aurait sûrement emballé les plus jeunes…  Une mention spéciale doit être accordée à l’édition Blue-Ray de Chasseurs de dragons ! La qualité éblouissante de son image est impressionnante…
 

Frédéric Lelièvre

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