Fuyant les artifices, ce "road movie des loosers" est avant tout le portrait d’une enfance délaissée. Loin des clichés et de tout idéalisme, leurs âmes solitaires et abîmées donnent une dimension quasi-documentaire à ce film très attachant.

Notre avis

Deux destins mal barrés partent sur la trace d’un père introuvable. Une rencontre explosive qui, en dépit des épreuves et d’une fin inéluctable, va faire naître ce qui manque aux deux héros : la chaleur humaine qui abolie la solitude. Le film est rude, les personnages s’échinent à être désagréables, bref on y croit, et on finit même par adopter ces deux portes-poisse. Sans douter un instant que Pablo et Louis existent vraiment, quelque part.
F.L.

Informations

Road-movie
Réalisé par Kim Massee
A partir de 12 ans
Sortie le 29 octobre 2008
www.cowboy-angels.com

Images

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{xtypo_dropcap}F{/xtypo_dropcap}uyant les artifices, ce "road movie des loosers" est avant tout le portrait d’une enfance délaissée. Loin des clichés et de tout idéalisme, leurs âmes solitaires et abîmées donnent une dimension quasi-documentaire à ce film très attachant.

Pablo a 11 ans et passe l’essentiel de son temps à jouer aux jeux vidéo du bar tabac du coin, jusque tard dans la nuit. Au grè des rencontres hypothétiques, sa mère le laisse seul dans leur chambre d’hôtel. Abandonné à lui-même, toujours sur la défensive, Pablo rôde dans le quartier de La Chapelle, évitant de se faire attraper par les services de la DASS. C’est au hasard de son errance qu’il croise la route d’un autre oublié de la société. La trentaine fatiguée, Louis joue au poker dans les arrières-salles discrètes. Un jeu dangereux qui peut lui donner de quoi survivre, mais aussi lui apporter les pires ennuis. Aux abois après s’être fait passer à tabac, Louis est bien obligé de remarquer ce gamin qui ne le lâche pas d’une semelle en dépit de tous ses efforts. Renonçant à le fuir, Louis accepte de l’écouter. Car Pablo à une idée en tête : il veut payer Louis pour qu’il  l’emmène en Espagne retrouver son père. Uniquement intéressé par cet argent qu’il compte s’approprier au plus vite, Louis accepte. Entre le gamin qui n’arrête pas de parler, et le taciturne adulte qui s’en agace vite, le voyage en voiture s’annonce des plus difficile…

Il est toujours compliqué de faire un portrait honnête de ceux qui vivent en marge, des oubliés du système, sans tomber dans l’excès ou le misérabilisme. La franco-américaine Kim Massee y parvient parfaitement, avec un sens quasi documentaire des situations. Un bel instinct nourri de ses expériences cinématographiques avec des jeunes en foyer. Optant pour une crédibilité maximum, se moquant des formatages, ses personnages sont rudes, difficiles, menteurs et sans beaucoup d’illusions. Un idéal soutenu avec talent par un casting d’acteurs méconnus. Thierry Levaret est formidable en Louis, joueur antipathique et inquiétant qui finira par se souvenir qu’il a un cœur. Il donne la réplique à un gamin étonnant de naturel : Diego Mestanza, le propre fils de la réalisatrice. Balloté entre une réalité terriblement triste et des rêves nourris de beaux mensonges, celui-ci crée un personnage de gavroche vraiment attachant. Un duo d’écorchés vifs qui s’épanouit dans un  road movie au sens le plus noble du terme : dès l’improbable rencontre des deux héros, il est impossible de deviner avec certitude de quoi sera faite la scène suivante.

L’aventure étant aussi bancale que l’existence de ses personnages, on craint à chaque fois le pire pour ce petit dur qui se met dans des situations à faire frémir n’importe quel parent. Une inquiétude compliquée par l’attitude de Louis, toujours à la recherche d’argent facile. Efficace à force d’âpreté, le road movie devient touchant lorsque la recherche de cet hypothétique père se transforme en revue quasi comique des anciens compagnons de la mère de Pablo. Une collection d’humanité peu reluisante qui va faire des deux exclus de vrais complices, les invitant à exprimer une tendresse trop longtemps refoulée par l’instinct de survie. Ni donneuse de leçon ni sociologue, Kim Massee signe un film exigeant avec un cœur énorme, un portrait sans pitié d’une enfance difficile qui pourtant laisse espérer.
 

Frédéric Lelièvre

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