L’opérateur

Buster est photographe de rue. Il tente de vendre leur portrait à des passants, mais la foule ne lui facilite pas le travail. Au point d’emporter ses modèles au loin… Lorsqu’il tombe amoureux de son modèle d’un jour, il fait tout pour retrouver la belle et lui donner enfin sa photo. Celle-ci s’appelle Sally et travaille avec les cameraman de la MGM qui chaque jour sont envoyés au quatre coins de la ville pour filmer tous les événements. Décidé à emporter le cœur de Sally, il vend son appareil photo, achète une vieille caméra, et part à la recherche du scoop qui fera sa fortune et sa gloire. Mais ses débuts ne sont qu’une suite de catastrophes qui ne lui rapporte que des ennuis. Imperturbable, Buster continue son rêve et finit au beau milieu d’une guerre de gang dans le quartier chinois ! En dépit de sa prouesse, Buster n’a pas la reconnaissance méritée. Et éprouve les plus grandes difficultés à obtenir quelques moments en privé avec la douce Sally. C’est bien sur lorsque tout semble perdu que le destin va enfin lui sourire…

Ce film est un miraculé. Œuvre de référence du cinéma muet, longtemps cité et montré en exemple par la MGM comme le modèle parfait de la comédie, le film a failli disparaître ! Il ne doit sa renaissance qu’à deux copies du film, dont une retrouvée à Paris en 1968. Le film est ici présenté dans une version restaurée avec sa musique originale, interprétée au piano. Aussi connu sous le nom du "Cameraman", ce film met en relief le savoir-faire de Buster Keaton, poète lunaire et imperturbable. Son sens de la mise en scène, son art de la chute et ses aptitudes d’athlète nourrissent cet exercice de style dont plusieurs images font partie de la mémoire collective. Les scènes d’anthologie se succèdent, mais le rythme de l’aventure peut diversement séduire le jeune public. Outre une éventuelle aversion pour le noir et blanc, certaines scènes peuvent échapper au petit spectateur, à l’exemple du grand numéro de mime au cours duquel Buster Keaton interprète seul une partie de baseball. Si le public américain vénère ce moment culte pour son sport favori, le public européen y est forcément moins sensible…

Poétique, émaillé de scènes à l’inventivité fulgurante, de grands moments comiques et de vrais coups de génie (dont la complicité avec ce formidable petit singe),  L’opérateur est à proposer aux enfants sans hésitation… mais il faut s’attendre à quelques questions au long de l’aventure. Car si l’histoire est universelle et intemporelle, certains ustensiles, des téléphones aux caméras, déchaîneront la curiosité des plus petits par leur allure étrange… Un petit regret tout de même, le DVD ne propose pas de bonus sur la carrière de cet artiste précurseur. Véritable cascadeur dès l’age de 4 ans pour les périlleux numéros de ses parents, rappelons qu’il fut surnommé Buster par Harry Houdini en personne…

Frédéric Lelièvre

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