Un château en Espagne

Maxime et Esteban sont plus que des copains. Camarades de classe, voisins de palier depuis toujours, Maxime passe plus de temps avec la famille d’Esteban que dans son propre appartement, trop souvent déserté par une mère avocate. Adopté par cette tribu espagnole pétillante d’énergie, Maxime profite de chaque instant avec ce copain qui a tout d’un frère, ne concevant même pas que le monde puisse tourner autrement. Jusqu’à ce que le cataclysme ne survienne : les parents d’Esteban s’apprêtent à retourner en Espagne. Refusant que son monde s’écroule, décidé à ne pas perdre Esteban, Maxime va chercher un moyen d’empêcher leur départ. Utilisant avec malice le gout inné de la scène qui enflamme Esteban, c’est avec sa complicité que Maxime va mettre son impossible plan au point. Une tentative désespérée qui va l’amener bien plus loin qu’il ne l’imaginait puisque pour garder Esteban prêt de lui, il devra sortir sa propre mère de son glacial isolement…  

L’idée de départ est venue de José Garcia, le mari d’Isabelle Doval, qu’elle a dirigé avec succès dans Rire et Châtiment. La famille de celui-ci avait en effet envisagé de retourner en Espagne au moment même où ses camardes l’encourageaient à prendre des cours de théâtre. Un coup du destin qui aurait pu nous coûter l’un de nos acteurs favoris ! Le coup du sort qui frappe Esteban et Maxime n’est pas moins cruel et tous ceux qui ont eu la chance d’avoir un grand pote, une copine de toujours au cours de leur enfance, y seront aussitôt sensibles. Les situations auraient peut-être mérité d’être plus intenses lorsqu’il s’agit de faire monter le jeune Esteban sur scène, mais Martin Jobert et Jean Senejoux parviennent sans mal à donner une crédibilité totale à leur belle amitié. Le duo est entouré par un joli casting d’adultes, dont Anne Brochet qui hérite du rôle délicat de la mère de Maxime. Sensible et discrète, la caméra d’Isabelle Doval fait un portrait touchant d’une amitié sincère, pleine de tendresse et d’humour.

Un château en Espagne touchera petits et grands, notamment grâce à ces petits détails bien vus, fous-rires et confidences, qui sont le ciment des amitiés éternelles. Une intimité que l’on trouve plus volontiers dans les romans que les films. Le film est accompagné d’un making of sympathique. On y suit la réalisatrice au travail, profitant de chaque pause pour découvrir  Jean Senejoux, concentré et brillant, et la spontanéité épatante de Martin Jobert (lisez nos interviews lors de la sortie en salles !). Les bonus proposent aussi un reportage très frustrant sur la présentation du film au festival de l’Alpe d’Huez, clip limité à un enchaînement d’images bien pauvre en commentaires et déclarations.

Frédéric Lelièvre

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