Lorsque les machines donnent une leçon, c’est que Pixar a encore frappé !

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Notre avis

C’est remarquable. La variété de sentiments exprimés par WALL.E est incroyable. On est conquis dès les premières minutes. Et, alors qu’on ne voit pas trop où tout cela nous mène, l’histoire s’avère étonnament riche, nous emmenant très loin… pour mieux parler de nos urgences contemporaines. C’est drôle, très beau, souvent fort, et complètement original. Que peut-on demander de mieux ! Du grand Pixar, du niveau de Monstre et Cie ou Toy Story. La classe !
F.L.

Ce qu’en disent les enfants

L’histoire d’un robot tout seul sur Terre, ça devrait être triste et ennuyeux, et ben pas du tout ! C’est super drôle, et il y a des tas de rebondissements… En fait, c’est une histoire d’amour entre robots, mais même ça c’est très marrant… WALL.E est un super personnage. J’adorerais en avoir un ! Et s’ils le font en jouet télécommandé, j’en veux un pour Noël ! J’ai beaucoup aimé, ça va plaire à tout le monde. Je dirais… entre Nemo et Ratatouille !
Emilie, 10 ans

Informations

Dessin animé
Réalisé par Andrew Stanton
A partir de 4 ans
Sortie le 30 juillet 2008
www.disney.fr

Images

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{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}près l’excellent panda vengeur de Dreamworks, c’est au tour de Pixar de s’attaquer aux salles obscures de l’été. Revisitant la science-fiction par la romance robotique, WALL.E est une réussite esthétique et scénaristique qui va sans le moindre doute faire un carton. Lorsque les machines donnent une leçon, c’est que Pixar a encore frappé !

Au fond de l’espace, une planète apparaît. On la discerne à peine à cause du brouillard de satellites en orbite qui l’englobent complètement. Mais une fois passée la barrière d’épais nuages, vous reconnaissez les vastes vallées, puis les vertigineux buildings, les villes sans fin… Et très vite, quelque chose cloche. Il n’y a plus personne sur Terre. Pire encore : un building sur deux est une immense tour de cubes de déchets, compactés avec soin. Et nul part la moindre trace de vie. Sauf WALL.E !

Cube sur chenille avec une tête composée de jumelles pivotantes, cet ouvrier consciencieux ramasse, empile, tasse les déchets dans son bedon carré, puis recrache un cube compacté qu’il va poser sur le précédent, au sommet d’un monticule vertigineux. WALL.E est seul sur Terre, dernier robot nettoyeur à s’acharner à la tâche. Les messages défilent encore en boucle dans la ville : vaincus par la pollution, les humains ont été invités à fuir à bord de vaisseaux de luxe, en attendant qu’une armée de robot nettoie la planète pour la rendre à nouveau vivable. Mais après des centaines d’années, il n’y a plus que WALL.E pour assurer la routine. Un robot comme des millions d’autres… mais doté d’une curiosité inattendue. Au hasard de son travail, il choisit des objets qui lui semblent utiles, ou juste étranges, et les collectionne avec passion dans une sorte d’étrange mausolée dédié à cet humain disparu. Pièce maîtresse de sa collection, la cassette vidéo d’une comédie musicale, qu’il regarde sans cesse… Avec pour seul compagnon un indestructible cafard, WALL.E enchaîne les journées de travail sans songer à rien d’autre qu’à ses cubes d’ordure. Mais un robot aussi primaire peut-il songer ?
Celui-ci semble bel et bien réfléchir, et fait preuve d’initiative. Il peut même s’enflammer d’une incroyable passion pour tout ce qui lui semble nouveau. Alors imaginez comment son monde est chamboulé lorsqu’un vaisseau atterrit, et qu’un élégant robot volant en descend. Bombe fuselée, EVE arpente les planètes à la recherche de vie végétale…

Si l’on excepte Cars, la plus faiblarde de ses créations, le studio Pixar a toujours su s’élever au sommet de l’art du spectacle familial, bouleversant les publics et battant les records de fréquentation. Leur recette de cette réussite exceptionnelle est immuable : ne jamais se reposer sur ses lauriers, et toujours surprendre avec une vraie histoire. WALL-E incarne cet idéal au-delà de toutes nos espérances. Imaginé sur le coin d’une table lors d’une mythique réunion des fondateurs du studio en 1994, alors que Toy Story n’existait pas encore, le pitch était excitant : abandonné sur une Terre poubelle désertée par ses habitants, un robot continue sans fin de ramasser les ordures. Excitant, mais un peu court pour passionner ! Avec cet intrigant point de départ, la réalisateur et scénariste Andrew Stanton a développé une histoire riche d’émotions et de questionnements nous concernant. Rappelons qu’avant de réaliser Le monde de Nemo qu’il a co-écrit, Stanton a co-signé les scénarii des Toy Story, de Monstres et Cie et 1001 pattes
Fort d’une histoire toute en nuance, Stanton et son équipe confèrent une humanité incroyable à des personnages incertains, des outils prétendus sans âme, et cela sans jamais les humaniser caricaturalement. L’un des plus vaste débat auquel les animateurs ont participé au cours de la création des personnages a été de savoir si WALL.E avait… des coudes ! Ce détail, inutile pour sa fonction, a été écarté pour que WALL.E ne cesse jamais d’être une machine conçue pour une tâche précise, et non pour ressembler à un humain. C’est là le trait de génie de Pixar : en ne trahissant jamais la nature de robot de WALL-E et Eve, les concepteurs invitent le spectateur à rechercher l’expression, deviner l’émotion, traduire l’attitude.
Acteur de cet échange tout en finesse (et grâce à la maîtrise des animateurs), le spectateur s’approprie les personnages avec une réelle affection. Retrouvant ainsi l’essence même du conte, WALL.E est à l’origine d’un petit miracle : faire qu’une salle entière soit conquise par les aventures sans parole d’un cafard et d’un compacteur d’ordure !

On ose à peine le préciser tant chaque film signé Pixar en apporte la preuve : le raffinement de l’image de synthèse est poussé encore plus loin. La représentation de cette Terre abandonnée, balayée de terribles tempêtes, est d’un hyper-réalisme stupéfiant. Un contraste idéal avec la perfection millimétrée du paquebot spatial que WALL-E et Eve vont vite teinter d’anarchie. Car c’est sur ce vaisseau qu’ils retrouvent le genre humain. Des hommes asservis par le luxe, qui ont même renoncé à marcher, devenant énormes… Et ce clin d’œil sans pitié au fléau de l’obésité n’est qu’un message parmi tant d’autres adressés aux spectateurs de la planète en général (et aux américains en particulier…). Sans jamais diaboliser ou accuser niaisement, la drôle d’odyssée amoureuse de ces deux robots plus humains que les humains est un beau message écologique universel. Du début de l’histoire à la fin d’un très ingénieux générique, le film accumule ainsi les clins d’œil savoureux aux classiques de la science-fiction, et les inventions malicieuses, comme ce ballet spatial improvisé avec un.. extincteur.

Inspiré et parfaitement maîtrisé, d’une excellence visuelle fascinante, WALL.E est une formidable surprise à même de conquérir les plus jeunes comme plus vieux, jouant d’une fausse candeur pour pointer nos propres angoisses. Du grand art pour du grand Pixar. Et de la sonnerie de téléphone aux jouets et gadgets, on devrait bientôt assister à une invasions de WALL.E, de Eve, de robot aspirateur-éternueur, de micro-robot nettoyeur-râleur, de robot maquilleur-gaffeur…

Frédéric Lelièvre

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