Amphithéâtre bastille
Jusqu’au 6 avril
Très belle adaptation du Ring pour le jeune public qui atteint brillamment son double objectif : faire pénétrer les plus jeunes et leurs parents dans l’univers wagnérien.
Cette gageure a pris naissance il y a deux ans à l’occasion de la nouvelle production du Ring dirigée par Philippe Jordan à l’Opéra Bastille. Elle se réalise cette année lors de sa reprise. Tout en respectant la magie, la profondeur et la poésie, cette adaptation signée d’au moins quatre noms : Marius Stieghorst, Charlotte Nessi, Christophe Ghristi et Agnès de Jacquelot, s’articule autour du personnage de Siegfried. Elle se se déploie comme un conte tout en restituant les événements principaux de L’Or du Rhin, de Siegfried et du Crépuscule des Dieux.
Il s’agit de donner à voir et entendre comme de comprendre par des images claires, immédiatement intelligibles. Tous les jeunes à sept ans ne lisent pas les sur-titres. Toute une stratégie visuelle est mise en oeuvre dans une scénographie pertinente. Deux comédiens de petite taille, interprètent Albericht, le voleur de l’or des filles du Rhin et Mime qui élève le jeune Siegfried. Ils s’opposent radicalement aux Géants, sur des échasses. Aussi, on remarque que leurs pieds sont grossis comme les poitrines des dieux du Wahwalla l’avaient été dans la première version du Ring de 2010. Les images de Mike Guermet, ainsi que la scénographie et les lumières concourent à la lisibilité du livret. Le nain, par exemple, disparaît comme par magie dans un jeu d’ombre quand il revêt l’anneau. Les décors très stylisés, permettent de multiplier les lieux et se renouvellent par des projections.
La partition découpée et réduite dont les arrangements ont été réalisés par la classe d’arrangement du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris de Cyrille Lehn, veille à restituer les airs les plus connus, même le plus célèbre de La Walkyrie, et est interprétée par une vingtaine de musiciens.
Enfin, le plateau vocal est à la hauteur. Marie-Adeline Henry se distingue par sa puissance vocale. Très applaudie, elle irradie et transporte d’emblée dans cet univers wagnérien. Elle interprète une magnifique Brünnnhilde sensible et amoureuse. Elle incarne la jeune femme qui découvre l’amour comme une héroïne de conte. Elle s’éveille à l’amour dans un feu symbolique que les jeunes découvrent mais demeure la fille de Wotan, puissante et noble. Sa voix galvanise la scène et la salle, et saisit petits et grands par sa beauté et sa densité. De même la soprano d’origine arméniene, Anaïs Mahikian en oiseau ou en Gutrun est superbe. Les deux jeunes femmes interprètent magnifiquement aussi ces filles du Rhin, évanescentes et irréelles qui surgissent et disparaissent dans un mouvement vertical, très onirique. Quant à Siegfried, Jan Rusko, originaire de Slovaquie, aux allures de Peter Pan, a tout du héros de contes, jeune, courageux, naïf, et insouciant. Le ténor, présent du début à la fin de ces une heure cinquante, porte le drame à merveille. Sa voix enchante.
Marie Torrès
Siegfried et l’Anneau maudit
Direction musicale : Marius Stieghorst
Mise en scène : Charlotte Nessi
Amphithéâtre de l’Opéra Bastille du 26 mars au 6 avril
Prix : enfants : 5 euros et 13 euros adultes
www.operadeparis.fr
Crédit : Elisa Haberer / Opéra national de Paris
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