Du 11 avril au 30 avril 2011
Opéra Bastille
À partir de 8 ans
Superbe distribution lors de la première de Roméo et Juliette dans la mise en scène truculente de Rudolf Noureev : Mathieu Ganio, Laëtitia Pujol, Mathias Heymann et Stéphane Bullion réinventent l’amour absolu et l’amitié éternelle dans un somptueux ballet flamboyant de la Renaissance italienne. Un enchantement dirigé magnifiquement par le chef Vello Pähn.
Un ballet d’une grande intensité,
La chorégraphie de Noureev, créée en 1977, entre au répertoire de l’Opéra de Paris en 1984. Très proche du drame de Shakespeare, la dramaturgie puissante mêle faste et violence, truculence et cruauté s’appuyant sur l’onirisme et dévoilant les amours tragiques des amants de Vérone.
Dans de somptueux décors de Ezio Frigerio, extrêmement majestueux, rouge et or, ou bleuté, inspirés des peintures florentines, le drame s’immisce joyeusement dans une grande vitalité. Dans ce ballet construit comme un opéra, les personnages sont liés à des leitmotivs qui se font écho et resserrent le drame.
Une distribution idéale
Mathieu Ganio incarne un magnifique Roméo d’une grande prestance et d’une grande sensibilité. Le danseur étoile, très élancé, évolue avec distinction dans des envolées superbes. Son allure romantique et sa noblesse d’âme ont conquis toute la salle. C’est l’amant rêvé. Ses mouvements de porter prennent tout leur sens : Juliette – Laêtitia Pujol semble voler dans ses bras. Fraîche, aérienne, juvénile, la danseuse étoile, menue, incarne une Juliette idéale de 17 ans.
Elle fait redécouvrir les premières sensations de la première passion amoureuse. La danseuse étoile s’envole avec une grâce infinie : l’amplitude de ses sauts font d’elle un être libre au-dessus de toutes les jeunes filles. Chacun de ses mouvements est éloquent. Très émouvante dans les scènes de révolte, elle fait preuve d’une grande sensibilité dans l’apparente résignation.
Les scènes d’amour sont sublimes : tous deux incarnent les amants de Vérone, beaux, jeunes et éternels et expriment le tragique divinement. Mathieu Ganio refuse de se battre contre Tybalt avec une douceur inexprimable dans le regard et se lance au troisième acte, sur le dos, de tout son corps à trois reprises sur son camarade, témoignant la violence de son désespoir dans une figure très émouvante. Le pas de quatre est terrible : La jeune femme est physiquement emprisonnée dans les bras de Pâris. Enfin, la jeune femme s’abandonne, comme une véritable poupée de chiffon, que Roméo tente en vain de ranimer.
Mathias Heymann, très attendu, enchante et apporte une grande joie et jubilation sur scène. On ne verrait que lui si les autres n’étaient pas excellents. Très à l’aise, en Mercutio, espiègle et paillard, il se dandine gaiement et nargue Tybalt en se trémoussant dans une douce provocation. Le danseur étoile est inouï en bon camarade qui se joue de la mort. On admire ses sauts et cabrioles exceptionnelles. L’ondulation certaine de ses mouvements accentue sa féminité et lui confère une grâce inouïe qui s’oppose à l’ombrageux Tybalt, incarné avec puissance et rage par un Stéphane Bullion formidable. On se réjouit de les voir à nouveau danser en spectres, car ils disparaissent trop vite à notre goût, dans une grande émotion qui se répète.
Les scènes d’ensemble magnifiques alternent sans répit avec les scènes intimes créant un drame intense. Les rixes violentes des Montaigu et Capulet, (le velours vert opposé à leur complémentaire rouge), surprennent et font penser à West Side Story que le chorégraphe Rudolf Nourrev avait vu. Elles sont très sexuelles, voire vulgaires. La danse des épées dirigée avec majesté et noblesse par Mme Capulet et La scènes des étendards, très impressionnantes, ont été très applaudies. Tous les danseurs formidables de gaieté ont su recréer cette vitalité inouïe de la jeunesse.
Un des plus beaux ballets du répertoire !
Marie Torrès
Le ballet de Noureev d’après le drame de Shakespeare
Roméo et Juliette
Rudolf Noureev
Musique de Serguei Prokofiev
Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Vello Pähn Direction musicale
Durée du spectacle : 3h06 avec 2 entractes
Du 11 avril au 30 avril 2011
Prix des places : 5€, 10€, 18€, 20€, 34€, 50€, 62€, 74€, 89€
Opéra Bastille
Place de la Bastille
Métro Bastille
Crédit photos : Icare, Opéra de paris
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